Les salariés de la Société des eaux et assainissement d'Alger (SEAAL), nouvelle entité ayant phagocyté l'Algérienne des eaux, et l'Office national d'assainissement (ONA) ont observé hier une journée de débrayage. La distribution de l'eau potable dans la capitale n'a pas été perturbée pour autant. Les griefs retenus par les employés ont trait pour l'essentiel à la non-implication du partenaire social dans les prises de décisions et les « éventuelles suppressions » d'emplois dont feront l'objet les contractuels. « Le manque sinon l'absence totale et voulue d'information et la mise à l'écart (...) des représentants des travailleurs au sujet des décisions prises » est dénoncé dans le procès-verbal ayant sanctionné la réunion des unités de distribution, réalisation et assainissement de ladite entreprise qui a eu lieu le 16 avril. A l'unité de distribution de Bir Mourad Raïs, plus gros centre de l'ex-ADE, avec pas moins de 15 000 salariés, l'on nous explique que les employés des 12 centres de distribution de la SEAAL ainsi que ceux de l'ONA, soit en tout quelque 35 000 travailleurs, ont « levé le pied ». Seul le centre de Draria n'a pas été du lot, nous indiquent les protestataires, en relevant que le syndicat d'entreprise « s'est désolidarisé » de l'action, préférant, lancent-ils, « prendre le parti des responsables ». « Le taux de suivi est de 95%. Les guichetiers et autres agents de voirie ont cessé de travailler, et c'est une ineptie que de dire que les consommateurs seront lésés. Alger ne sera pas privée d'eau, ce n'est guère notre vœu », relèvent-ils. Autre récrimination avancée : les services du ministre de tutelle (les Ressources en eaux) n'auraient pas daigné transmettre une copie du contrat les liant à Suez, entreprise française nouvellement installée, au syndicat. En plus, le devenir de l'ancienne convention collective n'est pas omis dans la liste des protestations. Conséquence : les contractuels, 400 pour la seule unité de distribution de Bir Mourad Raïs, seront « remerciés », affirment les contestataires. Ils auraient reçu, à les en croire, des notifications les informant de leur fin de contrat. A part les deux représentants permanents, le syndicat n'est pas « copieusement présent » dans le conseil d'administration dont les statuts ont été signés en mars dernier, soit six jours après la création de la SEAAL, s'insurgent les travailleurs de l'unité de Bir Mourad Raïs. Faut-il rappeler que les employés de l'unité de réalisation et de maintenance (URM) de Aïn Naâdja ont observé une journée de débrayage au lendemain de la restructuration de leur unité, intervenue le 8 avril dernier. « L'administration avec laquelle nous nous sommes réunis expliquera qu'on nous fera participer à compter du mois de septembre à toute éventuelle action. Entre temps, l'URM a disparu et les contractuels, au mépris de la convention collective, lésés. » Pas de compression... La chargée de communication de la SEEAL, Mme Bouali, bat en brèche les allégations des travailleurs. Pour elle, des réunions ont eu lieu avec les représentants des employés « avant même de procéder à la fusion des deux entreprises, le 1er mars ». C'est ainsi qu'une rencontre s'est tenue en février et une deuxième le 27 du même mois à l'hôtel Moncada. Les discussions ont tourné autour des modalités de la restructuration, qui s'est concrétisée le 1er mars, fait-elle remarquer. Concernant les « craintes injustifiées », selon elle, des travailleurs quant aux suppressions d'emplois, elle signalera qu'il « n'y en aura pas ». Ainsi, « les revendications n'ont pas lieu d'être », atteste notre interlocutrice. S'agissant de l'absorption de l'URMA, elle dira que cela entre dans le cadre des « réaménagements opérés ». « Suez apporte un savoir-faire », atteste Mme Bouali, sans trop s'étaler sur les salaires jugés exorbitants par les employés. Des rumeurs avancent d'ailleurs la somme de 100 000 euros par mois pour une dizaine d'experts français. « A ceux qui sont à l'origine de ces rumeurs d'apporter les preuves », s'est-elle contentée de dire. Par ailleurs, il est à noter que la réunion ayant regroupé le directeur général de la SEAAL, son adjoint, les différents directeurs de l'ADE, de l'ONA ainsi que la fédération de l'UGTA et la DTPH s'est soldée, explique Ferhat Abdelaziz, membre du syndicat d'entreprise, par des engagements attestant que « les emplois ne seront pas touchés, les contractuels seront éventuellement permanisés et que les acquis du temps des anciennes structures seront sauvegardés ».