Il n'existe aucun centre de tri et de recyclage des déchets dans la wilaya deTizi Ouzou. Le tri et le recyclage des déchets ménagers sont un créneau qui trouve beaucoup de peine à s'installer dans la wilaya de Tizi Ouzou. En dépit du marché potentiel existant, aucun centre de tri, ni investissement privé n'ont été édifiés. Les porteurs de projets désireux d'investir ne sont pas légion, mais tous se sont heurtés au mur de la bureaucratie et à l'absence d'un cadre juridique qui organise la création d'entités dans cette filiale. La quantité de déchets valorisables est estimée à 70 000 tonnes/an, dont 25% sont des déchets d'emballage, selon les chiffres de l'administration de wilaya, un gisement susceptible de créer de la richesse et de l'emploi. Les jeunes qui se sont rapprochés des organismes d'aide à la création d'entreprises et de micro entreprises comme L'Andi, l'Ansej et la Cnac, ont été très vite découragés par une procédure administrative complexe. «J'ai préparé un dossier que j'allais déposer à l'ANSEJ pour créer une entreprise de ramassage et de traitement des déchets, mais je me suis heurté à une administration de wilaya fermée sur ce sujet. Qu'est-ce qu'on attend pour libérer les initiatives ? Les gens veulent travailler, créer leurs entreprises, mais comprenez que ce n'est pas à nous qu'ils vont accorder un tel projet. On nous a embourbés dans une procédure décourageante, des autorisations à tous les niveaux administratifs», dit Fodel, un jeune de Larbaâ Nath Irathen. Le cas d'un investisseur établi en France est éloquent. Le concerné, H. Abderrahmane, a fait les frais d'une gestion approximative de ce volet porteur où son rêve de monter une affaire à Tizi Ouzou n'a pas été encouragée par l'administration locale. Il est utile de rappeler que le centre de tri de Oued Fali attend depuis 2009 les équipements nécessaires pour sa mise en service. Le non lancement du projet s'est heurté à l'insuffisance des financements débloqués initialement. Une réévaluation de 41 millions de dinars a été accordée, mais le site aménagé n'est toujours pas opérationnel. Interrogé en marge du premier colloque sur l'urbanisme, le bâtiment, les infrastructures et la construction (Cubic), organisé au début du mois en cours à Tizi Ouzou, le directeur de l'Agence nationale de développement et de l'investissement a estimé : «L'introduction du code de ce type d'investissement au niveau de la chambre du commerce est tout à fait récente». Ce qui explique en partie les déboires des porteurs de projets. «Au niveau de l'Andi il y a un seul dossier qui est en cours de traitement. Il s'agit d'un projet de récupération de verre, de sa transformation en poudre et en grain pour le bâtiment», a déclaré le directeur de l'ANDI. Quant à la chambre de l'artisanat de Tizi Ouzou, elle compte parmi ses adhérents un seul récupérateur et broyeur de plastique. Fonctionnement partiel des CET La wilaya de Tizi Ouzou, qui compte 3 CET (centre d'enfouissement technique) en activité, ne dispose d'aucun centre de tri. En attendant que l'administration s'ouvre aux investisseurs privés, et leur facilite l'installation de projets, la direction de l'environnement se contente de signer des conventions avec des petites unités pour la récupération des plastiques, tels que le PVC et le PET au niveau des CET. Selon le directeur, M. Kabeche Salah, «nous avons engagé des conventions avec des artisans pour la récupération et la vente des matériaux à un recycleur d'Oran». De petits groupes de jeunes récupèrent des matériaux recyclables, que le directeur nomme «des unités de récupération et de tri». La plupart de ces «unités» qui ne sont pas encore identifiées par la direction de l'environnement, fonctionnent de façon informelle avec des pelles manuelles, des piques en fer et des gants, avons-nous constaté sur le terrain. Au mieux, la direction multiplie les campagnes de volontariat au lieu d'aller vers des solutions durables. Une trentaine de campagnes de volontariat, relayées par les medias lourds depuis la fin de 2010, n'ont rien réglé au problème d'insalubrité dans les villes et villages de Tizi Ouzou. Le taux de consommation des crédits à la direction de l'environnement de Tizi Ouzou ne dépasse pas les 10% en 2011, ce qui reflète l'ampleur de l'inertie et la l'incapacité des responsables qui se limitent à seulement organiser des journées de sensibilisation sur le secteur.