A la mémoire des 100 journalistes algériens assassinés, dont 12 jeunes femmes, et 2 disparus, durant la triste période appelée «décennie noire » (Algérie 1992-2002). C'est par la dédicace «in memoriam» que s'ouvre le dernier ouvrage paru aux éditions Alger-Livres Ferhat Abbas, l'homme de presse (*), de Leïla Benammar Benmansour, docteur en information et communication de l'université Panthéon-Assas (Paris II), à qui on doit déjà deux autres ouvrages parus chez le même éditeur : Ferhat Abbas, l'injustice (2010) et La crise de l'été 1962, Ferhat Abbas : Sauver le pays de la congolisation (2011). Comme indiqué en rabat de couverture : «Après avoir été successivement journaliste et enseignante, l'auteure se consacre depuis une dizaine d'années exclusivement à la recherche sur Ferhat Abbas.» «Consacrer un ouvrage à Ferhat Abbas l'homme de presse, écrit-elle, est dans l'ordre des choses, parce que tout en étant un homme politique d'envergure, il avait le journalisme pour passion, et durant tout le long de l'itinéraire de sa vie, il a mené de pair la profession de journaliste et celle d'homme politique, parce qu'il avait compris, très tôt que la presse en tant que média de masse est une arme redoutable dont il faut se servir et notre homme avait l'art de savoir le faire.» L'ouvrage, scindé en huit grands chapitres, une conclusion et quelques chapitres annexes (dont une brève biographie sur Ferhat Abbas), est un véritable voyage au cœur de l'histoire vivante de l'Algérie coloniale de la période de l'entre-deux-guerres (1919-1939) et de la période qui va du début du second conflit mondial, jusqu'aux massacres du 8 Mai 1945 et du déclenchement de la lutte de Libération nationale le 1er Novembre 1954… A travers ce livre, le lecteur découvrira le brillant et remarquable homme de presse que fut Ferhat Abbas, qui, au début de sa carrière de journaliste – d'opinion –, signait ses articles du pseudonyme symbolique et hautement révélateur, Kamel Abencérages, (référence au Ghazi Mustafa Kemal Atatürk, objet de sa plus vive admiration et de la dernière dynastie musulmane régnante d'Andalousie, les Banû Sarrâdj). «Ce surdoué (Ferhat Abbas), souligne l'auteure, va se mouvoir comme ‘‘un poisson dans l'eau'' dans la question algérienne. Il était né pour faire de la politique, qui va être pour lui, au même titre que la plume, l'essence même de sa vie. Et l'on comprend d'autant mieux que des journaux confirmés tels que L'Ikdam de l'émir Khaled, Le Trait d'Union de Victor Spielmann et Attakadoum du Dr. Benthami, aient accordé leurs colonnes à ce jeune homme à la plume exceptionnelle.» A lire de toute urgence. *) Leïla Benammar Benmansour : Ferhat Abbas, l'homme de presse. Alger-Livres Editions, Alger, 2013. 280 pages. Prix public : 680 DA TTC.