La lourde charge des maladies non transmissibles, l'hypertension artérielle, le diabète et les maladies cardio-vasculaires, pèse sérieusement sur les dépenses de santé publique. C'est un véritable cri d'alarme que lancent les spécialistes au vu des résultats des études et au nombre de cas de malades enregistrés dans les différents centres hospitaliers. La dernière en date est celle présentée hier au 5e Congrès national, jumelé avec le 1er Congrès maghrébin de médecine vasculaire organisé par la Société algérienne des maladies vasculaires. L'étude menée par le professeur Lezzar en 2012 dans la wilaya de Mila auprès de 1059 patients (population urbaine et rurale) a révélé des proportions alarmantes de ces maladies. Les résultats de l'étude ont montré que 32% de cette population est hypertendue, 46% souffrent d'obésité, 16% sont diabétiques et 14,7% prédiabétiques. «50% de ces diabétiques sont méconnus, c'est-à-dire qu'un patient sur deux ignore complètement qu'il est malade. Nous savons que ces maladies sont silencieuses le plus souvent mais exposent cependant les patients à de graves complications. Pire encore, 71% de cette population a une obésité androïde (graisse du haut du corps), témoin d'une insulinorésistance qui expose ces porteurs à des maladies cardio-vasculaires précoces et à une mortalité prématurée. Ces chiffres dépassent les données américaines (surpoids 35,8% et obésité à 25,8% en 2011). Nous devons absolument faire quelque chose pour contenir cette escalade des chiffres et cette explosion des maladies non transmissibles», s'alarme le professeur Zekri interniste à la clinique du Traité à El Biar. Pour le président de la Société algérienne de médecine vasculaire, le professeur Brouri, chef de service de médecine interne à la clinique du Traité, il est urgent de mettre en place un programme national de lutte intégré contre les facteurs de risque qui sont aujourd'hui connus de tous et responsables de toutes ces maladies. Ces chiffres doivent être analysés et l'Algérie doit s'engager dans l'immédiat dans une lutte contre ces maladies pour éviter une catastrophe. Pour le Pr Brouri, il n'est plus question de parler de plan spécifique à une maladie telle que le plan cancer, mais il est plutôt important de l'intégrer dans un programme national de lutte intégrée contre les facteurs de risque. «Un vaste travail à long terme s'impose aujourd'hui afin justement de contenir cette explosion des maladies non transmissibles. Ce qui doit se faire à travers des campagnes de sensibilisation contre le tabagisme, pour une alimentation saine et équilibrée pour la pratique d'une activité physique. C'est en fait l'affaire de tous. Il est donc urgent de se mettre au travail. Une enquête nationale est en cours de préparation sur l'ensemble des facteurs de risque, la prévalence et la qualité des prise en charge», a-t-il souligné. «Mais en attendant, la prévention contre toutes ces pathologies et leurs facteurs de risque est une urgence», a ajouté le Pr Zekri, car elle estime que si rien n'est fait, «On va de plain-pied dans des complications lourdes et graves qui feront augmenter de manière significative les coûts de santé.» Le risque vasculaire rénal, une des complications graves de ces maladies, est le thème choisi pour ces journées. Il est aussi question de la thrombose veineuse, un sérieux problème de santé publique et les actualités dans leur prise en charge. Les traitements pour la protection vasculo-rénale, à savoir les bloqueurs du système rénine-angiotensine sont également au programme de ces deux journées qui prendront fin aujourd'hui.