Au moment où le monde entier célébrait la Journée internationale de la liberté de la presse (3 mai 2013,ndlr), à Koléa (Tipasa), une gigantesque marée humaine portait haut le cercueil dans lequel se trouvait l'un des monuments du savoir, pour l'emmener dans sa dernière demeure. Il s'agit de Cheikh Annani Slimane. Il incarnait le poète, l'écrivain, l'historien, l'enseignant, l'éducateur, le traducteur en 2 langues (français, arabe), le chercheur en littérature, un Algérien affable et modeste, aux immenses talents et qualités humaines, qui est né le 13 mars 1923 à Koléa. Il avait transformé son domicile en un immense gisement d'ouvrages. «J'adore Lamartine, Alfred de Musset, El-Moutanabi, Ahmed Chawki, l'irremplaçable poète Moufdi Zakaria et mon ami Saïhi Lakhdar, nous disait-il récemment, ne m'en voulez pas, (rires) car les médicaments commencent à me faire perdre la raison et il y a d'autres noms de poètes et écrivains que j'ai oubliés», a-t-il ajouté, avec son petit éclat de rire complice. Il avait travaillé à la Radio depuis la fin des années 40, pour animer des émissions culturelles. Après l'Indépendance, son ami, Abdelkader Nour, directeur de radio, lui propose des émissions sur la culture et l'Histoire. «Juste après 1962, précise-t-il, nous avons vécu une période trouble et aventureuse, il fallait à tout prix sauver l'école algérienne, enchaîne-t-il, j'avais le choix entre un poste de directeur de lycée à Alger ou celui d'inspecteur de l'enseignement primaire et moyen à Koléa. J'ai opté pour la stabilité et l'éducation de mes enfants à Koléa, un petit village à l'époque, ajoute-t-il. M. Benblidia m'avait choisi au poste d'inspecteur à Koléa en 1966, j'étais le 1er inspecteur et je sillonnais les écoles d'une partie de Blida jusqu'à l'ouest de la wilaya de Tipasa», conclut-il. Il est difficile de se détacher de Ammi Slimane, quand il commence à parler du passé et de ses recherches. Lui, l'ami des journalistes qui ne ratait pas l'occasion pour se joindre à leurs rencontres annuelles à Tipasa en guise de solidarité avec la corporation, afin de s'enquérir de la situation des médias algériens. L'héritage de Cheikh Slimane Annani, un ami de Cheikh Bouamrane doit être préservé et étudié.