Des hommes armés maintenaient encore hier le siège de deux ministères à Tripoli malgré l'adoption d'une loi controversée qu'ils réclamaient, certains d'entre eux exigeant désormais le départ du Premier ministre, Ali Zeidan. Les différents groupes armés, qui encerclaient depuis quelques jours les ministères de la Justice et des Affaires étrangères, n'étaient pas en mesure de se mettre d'accord sur leurs nouvelles exigences ou sur le maintien ou non du siège. «Nous sommes déterminés à poursuivre notre mouvement jusqu'au départ d'Ali Zeidan», a indiqué à la presse Oussama Kaabar, un leader de la protestation. Pourtant, des miliciens avaient affirmé dimanche qu'ils se retireraient des abords des ministères des deux ministères concernés, immédiatement après l'adoption dimanche par le Congrès général national libyen (CGN, Parlement) de la loi excluant les anciens collaborateurs du régime déchu de Mouammar El Gueddafi, de la vie politique. Ce projet, adopté sous la pression des miliciens armés – ces ex-rebelles qui avaient combattu les troupes du régime déchu – exclut plusieurs responsables du pays, comme le président du CGN, Mohamed Al Megaryef ainsi que d'autres députés et ministres, mais pas M. Zeidan, un diplomate sous l'ancien régime. «Certains qui réclamaient seulement l'adoption de la loi ont cependant suspendu leur mouvement. D'autres ont des exigences supplémentaires et restent sur place», a indiqué un chef d'un groupe armé. Un membre du Conseil supérieur des thowars (révolutionnaires) a, quant à lui, fait savoir que le mouvement de protestation autour des ministères continuerait jusqu'à «l'épuration» des institutions de l'Etat des collaborateurs de l'ancien régime. Des observateurs pensent que ce sont les islamistes qui tirent les ficelles de ce mouvement de protestation armée. A ce propos, ils rappellent que ceux-ci étaient déjà les initiateurs de la loi controversée et qui cherchaient notamment à exclure leur rival, Mahmoud Jibril, le chef de l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale), qui a remporté les dernières législatives du 7 juillet. Visé par la nouvelle loi, M. Jibril a collaboré avec le régime du colonel El Gueddafi durant les dernières années de son pouvoir avant de rejoindre en 2011 la rébellion dont il a été le Premier ministre.