Les responsables de Dar El Gharnatia de Koléa et leurs homologues de l'Association des jeunes musiciens arabes de Monastir (Tunisie) ne se contentent plus désormais de simples échanges lors d'organisation de leurs manifestations culturelles musicales. Après moult contacts depuis des années, les deux associations musicales, créées depuis plus de 40 ans, veulent «raser» la frontière, en entamant un travail musical sérieux, qui s'articule sur la formation. Un partenariat gagnant-gagnant. En effet, la musique andalouse, au fil des années et grâce aux efforts d'artistes soucieux de la préservation de ce patrimoine musical maghrébin, a enregistré un développement fulgurant sur tous les plans, tant au niveau des rythmes (maquam, ndlr), l'utilisation d'une variété d'instruments, l'interprétation des textes, autant de repères qui ont permis à la musique andalouse d'assurer une pérennité pour son avenir. C'est justement dans ce cadre que «le rossignol» et talentueux artiste de Monastir, Mahmoud Frih, vient d'achever son séjour sur les terres de Dar El Gharnatia de Koléa, afin d'enseigner la nouba «El-Khadra», du malouf tunisien, aux élèves de l'école de Dar El Gharnatia. Les artistes de Koléa sont arrivés à s'approprier en un temps record — grâce aux cours théoriques et pratiques dispensés — les rythmes et modes de la musique arabe, au niveau du Conservatoire de Tunisie, implanté à Monastir. L'artiste, Mahmoud Frih, encouragé par les résultats de cette formation programmée pour une semaine, a décidé de déborder sur une autre nouba du malouf authentiquement tunisien «El-Hussein». A l'aide de son oûd, de sa voix superbe et claire qui suscite l'enchantement, Mahmoud Frih a «accroché» l'esprit des élèves habitués à interpréter le mode «sanâa» de la musique andalouse. «A présent, les élèves de Dar El Gharnatia de Koléa, déclare Mahmoud Frih, sont aptes à faire voyager durant leur tour de chant, du mode sanâa algérien vers le malouf tunisien pendant une soirée. C'est une richesse nouvelle et je pense qu'elle est inédite. Dans les semaines à venir, nous allons accueillir à Monastir le maître Saoudi Med Chérif de Koléa pour enseigner à nos élèves le mode sanâa. Nous allons intensifier notre partenariat jusqu'à inclure les autres pays du Maghreb, dans l'intérêt de la culture de notre région. Enfin, il s'agit d'offrir un produit musical inédit issu du travail des talents musicaux des pays du Maghreb». Les défunts présidents des deux associations, le Tunisien, Hadj Bachir Harzallalh, et l'Algérien, Hadj Bellouti Mahieddine, là-haut, dans le ciel, doivent être heureux de voir leurs projets, leurs souhaits, concrétisés dans un esprit convivial et fraternel par leurs successeurs, Mahmoud Frih et Hadj Boualem Kherrous.