A notre arrivée à Bordj Badji Mokhtar, une personne d'un certain âge d'origine targuie s'approcha de nous et nous demanda si nous étions de la presse nationale. Après avoir répondu par l'affirmative, il a appelé un petit groupe visiblement de la même tribu à le rejoindre. Ils nous ont entourés et nous ont demandé encore une fois s'ils pouvaient compter sur nous pour faire passer un message au président de la République. Ils commencèrent par se présenter comme étant les notables de la région de Bordj Badji Mokhtar et représentant des chouyoukh. Le premier dit s'appeler Tati Nani, suivi de Kelaghalagh Amoumène, Assouni Anara, quelques minutes plus tard, s'était au tour de Abezou Slimane, un élu local. Tati Nani a pris la parole pour nous dire qu'ils ne reçoivent pas la presse écrite à Bordj Badji Mokhtar, mais qu'ils suivent attentivement et avec beaucoup d'intérêt la politique de leur pays, l'Algérie, à travers les ondes de la radio et la télévision nationale par satellite. Il nous lança : « Ces derniers temps, nous avons appris avec stupeur la proposition farfelue et dénuée de tout sens émanant du guide de la révolution libyenne, Mouaâmar Kadhafi à bâtir le Grand Sahara, qui s'étendrait du Sénégal à l'Irak, lors de son passage à Tombouctou, au Mali, à l'occasion de la célébration du Mawlid Ennabaoui. » « Cependant, nous saisissons l'opportunité pour transmettre notre position à notre président Abdelaziz Bouteflika : nous, les Touareg d'Adagh, de Bordj Badji Mokhtar, joignons notre voix à celle de l'amenokal des Touareg de l'Ahaggar, en appuyant sa réponse, et que nous sommes dans la même ligne de conduite. » Il s'arrêta un moment et semblait sidéré ; ses compagnons montraient leur approbation par des signes de la tête, puis il nous fixa droit dans les yeux comme pour nous dire que c'est un engagement solennel de notre part et continua : « Nous sommes des Algériens à part entière et nous combattrons l'ennemi de l'Algérie jusqu'à la dernière goutte de sang pour préserver son intégrité nationale et sa sécurité et nous réfutons toute tentative de division quelle que soit l'origine, de l'extérieur du pays comme de l'intérieur. » Après le thé, la discussion continua sur la politique nationale, l'environnement, le quotidien, etc., puis le plus âgé du groupe rétorqua : « Nous voyons à travers les images de la télévision les différentes manifestations à l'intérieur du pays, que nous déplorons, regrettons (par trois fois), et condamnons tous ces saccages qui nuisent à la société et coûtent énormément au Trésor public. Nous souhaitons que la raison l'emporte sur la colère... Le vrai citoyen intègre n'insulte jamais les institutions de l'Etat et ne porte jamais atteinte à la sécurité des Algériens. » Puis il continua : « Tous les habitants de la région de Bordj Badji Mokhtar retiennent fraîchement dans leur mémoire la réponse du président Abdelaziz Bouteflika lors de sa visite à l'ouest du pays, l'année écoulée, lorsqu'un jeune Oranais lui relatait la situation de la jeunesse d'Oran, lorsqu'il lui dit : ‘‘Quand je te vois, tu me fais rappeler le jeune de Bordj Badji Mokhtar !'' Là, nous avons eu la certitude et la confirmation que le Président nous porte au fond de son cœur. » Dans le prolongement des interventions de chacun de ces personnages imprégnés de sagesse, ils commencèrent à diffuser leurs vœux, tels que l'espoir de voir Bordj Badji Mokhtar figurer sur la liste des futures wilayas déléguées et la révision du code électoral pour les prochaines législatives pour leur permettre d'avoir un représentant au niveau de l'une des deux Chambres nationales, car depuis 1990, ces derniers n'ont pas de représentant à ce niveau.