Même si, en habile politicien, il a su manœuvrer son monde et imposer ses hommes dans le nouveau gouvernement de coalition, les scandales ont fini par rattraper l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi. Rome (Italie) De notre correspondante Le richissime ancien Premier ministre comptait sur son retour inattendu sur la scène politique de son pays pour échapper aux procès qui lui sont intentés, entre autres pour fraude fiscale, abus de pouvoir et prostitution sur mineure. Durant la campagne électorale et les semaines qui avaient suivi, il avait pu invoquer «le légitime empêchement» – une espèce d'immunité temporaire instituée par son ancien gouvernement – pour faire suspendre certains de ces procès. Mais les magistrats du tribunal de Milan, les «robes rouges» comme les nomment ironiquement les avocats de Berlusconi, ont vite repris leurs réquisitoires contre Il Cavaliere. La semaine dernière, la peine de 4 ans de prison et 5 ans d'interdiction de toute fonction publique, contre lui, pour fraude fiscale a été confirmée par la cour d'appel de Milan. Si ce verdict est confirmé par la Cour de cassation, les 4 ans seront réduits à un an, en vertu de la loi sur la grâce que son ancien gouvernement avait adoptée, mais sa carrière politique et parlementaire deviendra très incertaine. Un autre procès, plus médiatisé celui-là, risque de sonner le glas pour le magnat de la télévision italienne. Baptisé «rubygate» du nom, Ruby, d'une jeune prostituée marocaine, cette affaire scabreuse de prostitution de jeunes filles, dont des mineures, dans la résidence d'été de Berlusconi, a été révélée grâce à des témoignages et met très à mal le pool des avocats de la défense. Lundi passé, la procureure milanaise, Ilda Boccassini, ennemie jurée de l'ancien Premier ministre, a requis 6 ans de prison ferme contre Berlusconi, un an pour prostitution sur mineure et 5 ans pour abus de pouvoir pour avoir fait pression sur la préfecture de Milan pour libérer la jeune prostituée marocaine Karima El Mahroug, interpellée pour vol. C'est avec cette dernière que Il Cavaliere aurait entretenu des rapports sexuels rémunérés, en 2010, alors qu'elle était encore mineure. La magistrate, dans son réquisitoire, a affirmé qu'«il n'y avait aucun doute sur le fait que la jeune fille se prostituait». Cette dernière s'était défendue en organisant un sit-in devant le tribunal de Milan, durant lequel elle avait déclaré à la presse n'avoir rien à faire avec la prostitution, allant jusqu'à accuser les juges de vouloir «frapper Berlusconi» à travers elle. A cela la procureure a rétorqué, lors de l'audience : «Karima est maligne, d'une malice orientale, propre à ses origines.» Cette phrase a fait le tour des forums sociaux car considérée, justement, à connotation raciste. Certains internautes, sarcastiques, ont rappelé à la procureure que «le Maroc se trouvait plus à l'ouest de l'Italie et n'avait rien à voir avec l'Orient». Une autre femme est descendue dans l'arène pour défendre Silvio. C'est sa fille aînée et patronne du grand groupe audovisuel Fininvest, Marina, qui a accusé la justice d'être «malade» et de persécuter son père. Elle s'en est prise, en passant, aux juges chargés de l'affaire du divorce de son père avec sa seconde épouse Veronica Lario, qui avaient condamné Il Cavaliere à payer 3 millions d'euros par mois de pension alimentaire à son ex-femme. Jugeant cette somme «hors de l'entendement réaliste», l'héritière de Berlusconi, a souligné, sournoise, «tous ces juges travaillent dans le même immeuble».