Une circulaire portant départ à la retraite de l'ensemble des professeurs en médecine âgés de 70 ans et plus, est en cours de préparation au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. A la demande du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) suite à la réunion de son conseil national, le 21 avril dernier, ce départ à la retraite a fait l'objet de discussions, la semaine dernière, entre le syndicat et le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harroubia. Lequel a accueilli favorablement la proposition et instruit les doyens des facultés de médecine afin d'établir un état des lieux. Les dossiers seront donc soumis à l'étude selon des critères bien définis, avons-nous appris d'une source proche du dossier. Il sont plus de 100 professeurs en médecine, toutes spécialités confondues, âgés de 70 ans et plus, dont 71 sont chefs de service – dont la majorité se trouvent dans les CHU de la capitale – concernés par cette circulaire dont la mise en application est prévue avant l'été, selon notre source. Certains ont été nommés professeur par décret dans les années soixante-dix et ils sont toujours en poste à l'âge de 80 ans. Un départ qui doit se faire «dans la dignité», a exigé le syndicat. Un sujet qui a été longuement débattu lors de l'assemblée générale du syndicat, tenue le 9 mai dernier. Pour les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires, la fluidité dans la progression de carrière pour une nouvelle dynamique dans le secteur exige justement l'organisation de ce départ. C'est que les deux tutelles (Enseignement supérieur et Santé) n'ont jamais osé aborder la question. Même les conseils scientifiques n'ont jamais soulevé le problème et ont été unanimes à souligner les praticiens, lors de cette assemblée générale. Ce qui a d'ailleurs conduit à une situation inédite, relève un professeur en médecine, qui précise : «Les professeurs en médecine en Algérie ne sont pas concernés par la loi sur la retraite. Certains sont là depuis leur nomination par décret dans les années 1970, dont et beaucoup occupent le poste de chef de service depuis cette date, alors que d'autres professeurs ont atteint ou dépassé l'âge de la retraite sans avoir occupé de poste de chefferie de service.» «Ce que nous visons dans nos établissements de santé n'existe nulle part ailleurs dans le monde», a souligné un autre professeur. C'est ce qui a rendu la situation plus complexe, dont l'inexistence de normes dans la gestion de ces services. De nombreux problèmes se sont donc greffés au point où les deux tutelles se trouvent aujourd'hui dépassées et dans l'incapacité de trouver des solutions. Application avant l'été L'exemple de l'organisation du concours pour l'accès à la chefferie de service prévu pour ce mois de mai et finalement reporté à décembre prochain est édifiant. D'aucuns ont qualifié de «cacophonie» la préparation et l'organisation de ce concours. Un des problèmes soulevés par le syndicat, qui a d'ailleurs dénoncé cette cacophonie et le désordre qui caractérisent l'organisation de ce concours. Ainsi, selon le professeur Djidjli, président du Snechu, il est proposé que la limite d'âge pour la fonction d'enseignant hospitalo-universitaire, tous grades confondus, ne puisse pas aller au-delà de 70 ans pour les deux sexes. «Au-delà de cet âge-là, ces enseignants peuvent exercer en tant qu'enseignant associé à leur demande», a-t-il souligné. Il estime que ce départ doit se faire dans les meilleures conditions, qu'elles soient financières ou morales. «Ce changement est impératif aujourd'hui et cela doit même être appliqué dans tous les secteurs, même pour les politiques», a-t-il suggéré. 70 ans est l'âge de départ à la retraite A la question de savoir pourquoi l'âge de départ à la retraite pour cette catégorie est fixé à 70 ans et non pas à 60 ans comme le stipule la loi, le Pr Djidjli répond que «dans le cas des enseignants hospitalo-universitaires, de nombreux professeurs de rang magistral ont atteint les 60 ans. On ne peut pas se permettre de mettre tout le monde à la retraite». Ce qui explique une évolution précaire de la progression de carrière dans le secteur de la santé depuis plusieurs décennies, en l'occurrence les hospitalo-universitaires. Un problème qui reste encore posé par de jeunes maîtres-assistants qui sont dépendants du bon vouloir de leur directeur de thèse, généralement le professeur chef de service. Selon des données recueillies, les CHU de la capitale comptent 571 médecins de rang magistral, dont des maîtres de conférences A et B. «La majorité sont arrivés à ce niveau-là après plusieurs années de blocage. Si l'on doit appliquer l'âge de la retraite à 60 ans, le nombre de départs serait multiplié par trois par rapport à 70 ans», nous a-t-on expliqué. Pour le doyen de la faculté de médecine, le professeur Salah Bendib, ce départ doit être effectivement organisé dans la dignité et la reconnaissance du devoir accompli. L'étude des dossiers doit prendre en considération, estime-t-il, certains aspects précis. Pour ce faire, il est important, a ajouté le Pr Bendib, d'évaluer l'impact de ces départs sur le fonctionnement des services hospitalo-universitaires et sur la formation médicale, «comme il est aussi important d'assurer une relève qui aspire légitimement aux postes supérieurs de chef de service hospitalo-universitaire», a-t-il encore précisé.