La belle mosaïque de la grande salle du musée national Cirta et les grandes toiles exposées subiront une longue éclipse à l'occasion d'une exposition sur les expéditions et les résistances du Constantinois. La manifestation, qui devait marquer les activités du mois du patrimoine, avec un titre accrocheur, n'aura pas répondu aux attentes des visiteurs, notamment les habitués des galeries d'un établissement qui se morfond dans une lourde monotonie, après des années d'une activité de tous bords. En dépit d'un effort déployé dans l'agencement d'une centaine de photos accrochées les unes aux autres dans une chronologie ordonnée dans le sens des aiguilles d'une montre, l'exposition frappe surtout par la dominante du côté expéditionnaire sur celui qui devait être consacré à la résistance. A force de pénétrer dans les lieux et le temps, on a l'impression que l'exposition est une forme de glorification de la colonisation aux dépens de l'histoire d'une ville qui demeure méconnue par ses jeunes, sachant que ces derniers constituent la majorité des visiteurs. Alors qu'on note le désir des organisateurs de mettre le cap sur le côté historique des mouvements expéditionnaire, on retrouve étrangement des photos représentant le siège d'Alger par Charles Quint en 1541, les combats navals de la flotte algérienne au XVIIIe siècle. Un surdosage qui ne cadre pas avec le thème choisi, chose qui explique bien le caractère de l'exposition. Même si on retrouve quelques aspects intéressants de l'expédition de Constantine avec la découverte de l'itinéraire de la campagne française de 1836 nécessitant un travail plus soutenu contrairement à celle de 1837 qui aura bénéficié de plus d'égard, on remarquera que les organisateurs auront, peut-être sans le vouloir, mis trop en évidence le côté français plus que celui qui intéresse les Constantinois eux-mêmes. Sur 113 photos exposées, on n'en a compté que 19 illustrations mettant en valeur la résistance, la vraie, des Constantinois à l'assaut des armées françaises. Hormis une photo d'El Hadj Ahmed Bey et de son stratège Ben Aïssa, on ne retrouvera guère des représentations de ce qui pourrait marquer les véritables aspects de la ville avant et durant l'expédition ni même l'organisation de la lutte par l'armée du bey. En outre, on aura droit à une panoplie de représentations des corps de l'armée française avec en prime 35 photos consacrées au généraux et commandants du corps expéditionnaire, dont on évitera de citer les noms qui continuent toujours de peupler la mémoire des adultes, contrairement aux jeunes qui se trouvent quelque part égarés dans une exposition où l'on a même désigné un guide pour les visiteurs profanes.