Des universitaires ont analysé un phénomène observé en société et rarement objet de débat. Harcèlement sexuel et moral», «Féminin, masculin, une construction sociale», «relation entre les deux sexes», ce sont les thèmes développés par des membres du réseau Wassila lors d'un séminaire organisé par le club scientifique Eurêka la semaine écoulée à l'université M'Hamed Bouguerra de Boumerdès. Placé sous le slogan «SOS jeunesse en détresse», cette activité s'est étalée sur deux jours durant lesquels les organisateurs ont déroulé un programme très riche à destination des étudiants. La plupart des participants à ce séminaire ont axé leurs interventions sur les ségrégations sexuelles. La sociologue et membre du réseau Wassila, Mme Lamarene, a fait savoir que «des changements rapides et les bouleversements agitant la société ont poussé les jeunes à opérer des tentatives extrêmes de réalisation de soi». La conférencière a retracé les différentes périodes de troubles vécues par la nouvelle génération qui, aujourd'hui, a «perdu tous ses repères». «Ces changements qui se sont produits sur les plans économique, politique et démographique ont généré de nouvelles habitudes. Une nouvelle culture s'est créée autour de cette frange de la société qui ne cesse de croître. Les jeunes d'aujourd'hui dont la plupart souffre du chômage et de la crise de logement, sont devenus un véritable problème pour l'Etat», a-t-elle indiqué. L'oratrice note que lorsqu'on parle de la jeunesse, le thème de la femme s'impose de lui-même. Car «la société ne reconnaît pas l'utilité sociale du travail de la femme». Selon elle, les femmes d'aujourd'hui sont très instruites ; elles représentent 60% de l'effectif estudiantin. Malgré cela, elles n'ont pas accès au travail bien rémunéré et aux postes de responsabilité et de décision. Intervenant dans le même contexte, Mme Aït Hamou est revenue sur la marginalisation dont souffre la femme. Pour elle, «la supériorité de l'homme n'est que stéréotype car de nouvelles conditions sociales ont engendré des changements dans la relation homme-femme et le système patriarcal». Dans sa communication, Mme Aït Hamou estime que «les inégalités entre les sexes sont devenues un problème politique». «Les femmes se battent aussi pour recouvrer leur dignité, le droit au travail, à faire du sport, et le choix de leurs époux en toute liberté, etc.» argue-t-elle. Face à ces aspirations, «la femme est réprimée par un système patriarcal qui cherche à la maintenir dans un état de soumission», soutient-elle encore. «Ce modèle commence à se fissurer pour réponde à d'autres besoins et aspirations grâce à des changements dans la société. La persistance de cette idiologie a été confortée par la science, détournée par le langage patriarcal favorisant la violence physique et économique», a-t-elle estimé. La troisième communication a porté sur le phénomène du harcèlement moral et sexuel. La présidente de l'association pour l'émancipation de la femme (AEF), Mme Salhi, s'est félicitée du combat mené par les femmes algériennes et qui s'est soldé par l'enrichissement des textes de loi pour lutter contre ce fléau. L'oratrice estime le taux de harcèlement sexuel dans le milieu universitaire à 26% et souligne qu'il y a un vide juridique qui doit être comblé par le législateur à l'avenir.