Il semble de plus en plus que le régime de Bachar Al Assad reprenne la main dans sa double bataille diplomatique et militaire contre l'opposition armée. Son armée a affirmé, hier, contrôler le cœur de Qousseir, place forte des rebelles dans le centre du pays. Une victoire militaire qui survient au lendemain des déclarations du président Al Assad à travers lesquelles il rappelait, avec fermeté, qu'il était indéboulonnable du pouvoir avant l'élection présidentielle de 2014. Une soudaine assurance qu'il retrouve grâce sans doute au fameux accord russo-américain qui n'évoque pas expressément son départ dans le cadre d'une solution politique. Une assurance de Bachar Al Assad qui tranche radicalement avec la peur panique qui s'est emparée du tandem constitué du Qatar et de l'Arabie Saoudite, dont l'intervention armée en Syrie semble s'inscrire au passé. Ce binôme a d'ailleurs rué hier dans les brancards pour essayer de piéger la conférence internationale baptisée «Genève 2» sur la Syrie. La Ligue arabe sous contrôle de Doha a annoncé, hier, la tenue, jeudi prochain, au Caire d'une réunion «urgente» du comité ministériel chargé de la crise syrienne au niveau des ministres arabes des Affaires étrangères. Un comité, faut-il le souligner, présidé par le sulfureux ministre des Affaires étrangères du Qatar, Hamad Bin Jassem (HBJ). Et comme il fallait s'y attendre, cette réunion intervient à la demande de l'Etat du Qatar afin de débattre des développements de la situation en Syrie à la lumière de l'entente américano-russe sur la tenue de la conférence internationale de Genève 2. Le comité ministériel arabe se réunira un jour avant la réunion de coordination du groupe des Amis de la Syrie prévue, mercredi, dans la capitale jordanienne Amman qui regroupera les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, de Turquie, d'Allemagne, d'Italie, du Qatar, d'Arabie Saoudite, des Emirats et d'Egypte. Le Qatar convoque d'urgence la Ligue arabe Et pendant que ces tractations diplomatiques ont cours, l'armée de Bachar Al Assad gagne des points et des positions sur le terrain. Elle a finalement pu reprendre la ville de Qousseir peuplée de 25 000 habitants et située sur l'axe stratégique reliant la capitale au littoral et qui échappe à son contrôle depuis plus d'un an. «Si l'armée parvient à contrôler Qousseir, c'est toute la province de Homs qui tombe» aux mains du régime, estime Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales et militaires. Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a dénoncé «les tentatives de faire disparaître la ville et ses habitants de la carte» et appelé à «une réunion urgente de la Ligue arabe en vue d'arrêter le massacre». Un SOS qui en dit long sur le déséquilibre des forces en présence sur le terrain, contrairement à la propagande d'Al Jazeera et Al Arabia pour qui les rebelles étaient devant le palais présidentiel d'Al Assad… Dans un entretien accordé à l'agence de presse officielle argentine Telam et au grand quotidien Clarin, le président Al Assad paraissait confiant et sûr de sa puissance. «Démissionner, ce serait fuir», a affirmé M. Al Assad, estimant que «sur la question de savoir qui doit partir et qui doit rester (...), c'est le peuple syrien qui le déterminera lors de l'élection présidentielle de 2014». Bien qu'il se soit montré sceptique quant au succès de la conférence internationale prévoyant un dialogue opposition-régime, le maître de Damas s'est tout de même félicité du rapprochement américano-russe.