C'est peu de dire que l'affaire Merah a fait trembler les services de renseignements français. Alors qu'un complice présumé a été écroué samedi, un rapport parlementaire met le doigt là où ça fait mal à la DCRI. Lyon De notre correspondant Un homme de 25 ans a été mis en examen, samedi, et écroué, suite à l'enquête sur les tueries de Toulouse et Montauban en mars 2012, attribuées à Mohamed Merah, abattu par la police après le siège de son immeuble. Outre son frère Abdelkader, écroué au lendemain des faits, c'est la première fois qu'une personne interpellée dans ce cadre n'est pas relachée, après sa garde à vue. Plusieurs personnes avaient déjà été entendues, en 2012, en raison de leur proximité avec Mohamed Merah, sans suite. La personne mise en examen, samedi, est soupçonnée d'avoir participé au vol du scooter utilisé par Merah pour commettre ses crimes. La qualification retenue par le juge d'instruction serait : «Association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.» Alors qu'il est encore en examen et présumé innocent, aux termes de la loi française, le nom du présumé complice, Mohamed Mounir Meskine, a été livré sans retenue à la presse, alors que, selon son avocat, il a nié l'intégralité des faits et a «condamné fermement les agissements de Merah». Cette personne serait pourtant le troisième homme attendu depuis un an par les enquêteurs. Celui qui aurait aidé Mohamed Merah dans le vol du scooter. Selon les révélations que laisse filtrer la presse, ce seraient les traces ADN, retrouvées dans la Clio noire de Merah qui auraient permis d'identifier l'homme, bien que cet élément ne soit pas une charge suffisante, sachant que ces traces ne prouvent rien quant aux charges retenues. Selon Le Point, des échanges de courrier entre lui et Mohamed Merah, empreints de religiosité, auraient été découverts. La même semaine, la mission parlementaire, Sénat /Assemblée nationale, rendait son premier rapport sur le renseignement. Cette mission, installée fin 2012 pour réfléchir aux fonctionnements des structures chargées du renseignement, a constaté que «les effectifs et les moyens consacrés au renseignement représentent en France une part très modeste de l'ensemble des dépenses de l'Etat et que les efforts constatés, ces dernières années, constituent un rattrapage indispensable. Malgré cela, au terme de la programmation, ces moyens resteront inférieurs à ceux du Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, à ceux de l'Allemagne, alors qu'ils devraient être équivalents». Un service à la vitrine trompeuse L'état des lieux, indiquent les parlementaires, révèle que la stratégie française «est partiellement caduque». «Elle était conduite par un service à la vitrine trompeuse et dont l'architecture territoriale a failli», ajoutent-ils dans leur rapport, en revenant sur la fusion voulue par le gouvernement Sarkozy-Fillon entre la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage) et les Renseignements généraux (RG-police) en une nouvelle entité, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Le fonctionnement de la DCRI, qui a été incapable de déceler la dangerosité de Merah et de ses éventuels complices, avait été mis en doute après les tueries de 2012. Selon les parlementaires, cette affaire est le «symptôme d'une faille». Ainsi, «si l'affaire Merah ne procède pas des dysfonctionnements de la DCRI, elle les révèle. Le principal enseignement tient au défaut de surveillance qui pose la question des moyens humains pour le service de sécurité intérieure». Il est donc urgent, demandent les parlementaires, de reconsidérer l'ossature et le fonctionnement du renseignement. Pour résumer, le rapport insiste sur le renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme «à la lumière de l'affaire Merah».