Une conférence-débat qui a traité des violences conjugales et sexuelles a été animée jeudi par Dr Alloula Dalila. Cette rencontre, qui a eu pour cadre la bibliothèque du Comité Bio-médical d'Oran, a rassemblé une cinquantaine d‘étudiants en médecine, des praticiens de santé publique et des invités. Selon la conférencière, ce phénomène de violence est encore vivant dans notre société et les dégâts qu'il engendre sont encore loin d'être réparés. Il faut, a t-elle précisé, toute la force de la conviction et l'amour de son prochain pour faire face à toutes formes de violences que l'être humain endure. C'est ainsi, par exemple, que 130 millions d'africaines sont soumises chaque année à la violence de l'excision. Dans trente pays de ce continent, chaque jour, 2 000 jeunes filles subissent cette mutilation sexuelle. Les maltraitances domestiques touchent presque la moitié de la population féminine dans les pays d'Amérique latine, plus de 59 % au Japon et 80 % au Pakistan. Quant aux Etats-Unis, toutes les 12 secondes une femme est battue et, toutes les minutes, une autre est violée. En Algérie, selon Dr Alloula, les données existantes sont très rares du fait que le sujet reste tabou au sein de la société. Les statistiques disponibles proviennent des services de santé, de la sûreté, de la justice ou des associations qui militent contre ce phénomène. C'est ainsi, par exemple, que pour Oran, une enquête réalisée entre 2000 et 2001 a démontré que 1 400 femmes s'étaient présentées au niveau des urgences médicales du CHUO pour des violences conjugales ou familiales. Auparavant, en 1995, des médecins spécialistes, des psychologues, des sages femmes et des chercheurs se sont regroupés pour un travail de recherche afin d'apporter leur contribution à l'appréciation de cette question, faisant suite à la résolution de l'ONU, votée en 1993, sur l'élimination de la violence à l'encontre des femmes. Dans son exposé, l'orateur a évoqué la décennie noire, de 1990, et la violence déchaînée durant cette période où les femmes et les jeunes filles n'avaient pas été épargnées. En conclusion, elle lancera que pour la société musulmane, si l'Islam a permis aux filles de ne plus être enterrées vivante, elles restent cloîtrées dans leur silence face à cette violence, par peur du scandale.