C'est à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie et pour célébrer l'immensité culturelle du patrimoine ancestral de l'antique médina d'Alger, de ses traditions, de ses vestiges et de ses repères civilisationnels, qu'une soirée musicale a été organisée, jeudi dernier, en ce terroir de ressourcement et d'histoire par l'Institut français d'Alger, en partenariat avec l'association Les amis de la Rampe Louni Arezki Casbah, et ce, avec la précieuse contribution de Casbah éditions. Dans un décor lumineux approprié à l'événement du Palais El Menzeh à La Casbah, l'émérite Nassim Maâlouf a magistralement animé un concert musical inédit, d'un style nouveau, issu des cultures classiques universelles, byzantine, baroque, arabe et islamique. Ce virtuose libanais, au talent musical unique en son genre, est un génial surdoué qui, après une formation classique du répertoire occidental, a su, avec une phénoménale dextérité, conserver, développer et intégrer instrumentalement et avec magie la richesse inouïe et innovante de la musique arabe orientale, à l'ère de l'art universel. Il est célébre et connu dans le monde entier pour être l'inventeur de la trompette arabe, qu'il a conçue et créée personnellement avec le ¼ tour et le 4e piston un nouvel instrument de la famille des cuivres a ainsi vu le jour, pour l'enrichissement des cultures instrumentale et vocale de l'univers musical. Un public très nombreux était présent à ce rendez-vous culturel, où une forte participation de femmes et de jeunes enthousiastes était perceptible dans une ferveur particulière de convivialité des grands jours de liesse et de retrouvailles. Des personnalités du milieu culturel et sportif étaient présentes parmi l'assistance, à l'image de Ali Haroun et de la moudjahida Annie Steiner, des symboles de l'histoire de la résistance algérienne, de Mustapha Larfaoui, ancien président du Comité olympique, Aziz Derouaz, une figure emblématique du handball, Mme Badia Sator, directrice de la culture de la wilaya d'Alger, Hini Smaïn, président de l'Association de musique andalouse, ainsi que Mourad Preure, l'expert de référence en économie pétrolière. Après une présentation et une brève rétrospective des lieux et du patrimoine du site d'accueil de la soirée par l'auteur de ces lignes, un enchaînement musical harmonieux a sublimement été exécuté par le talentueux Nassim Maâlouf et, touchante surprise, accompagné de son fils Tarab, un bout de chou à peine âgé de 11 ans. Celui-ci fait partie d'une fratrie douée des Maâlouf, dont il est le cadet de 3 frères. L'aîné, Brahim, 32 ans, Mawal 10 ans et Tarty 9 ans sillonnent les capitales du monde pour animer des concerts de musique qui subjuguent des publics de mélomanes avides de création culturelle et d'improvisation instrumentale. C'est dans cette ambiance de ressourcement en des lieux mythiques d'un incommensurable patrimoine que le Palais El Menzeh a vibré aux ingénieuses modulations qui ont resuscité, un instant, l'univers de la mémoire revivifiée aux sons de ses repères, à travers une musique qui transpose dans la béatitude du cycle des âges et du temps . Captivée tout au long de ce fabuleux récital du patrimoine musical et du souvenir, l'ensemble de la très nombreuse assistance a savouré, dans un silence religieux, les modulations et les refrains du terroir arabe oriental et maghrébin, génialement interprétés par le duo Maâlouf père et fils. Cette mémorable rencontre, consacrée à la fête du patrimoine de la légendaire El Mahroussa et qui de par sa richesse plurielle est devenue celle de l'humanité entière, a inspiré le directeur de l'Institut français d'Alger, Jean-Claude Voisin, dans son émouvante intervention : «Je suis ravi d'être en ces lieux civilisationnels d'art et de culture, je découvre avec bonheur une assistance exceptionnellement nombreuse. Je remercie l'association des Amis de la Rampe Louni Arezki, ainsi que la population de La Casbah pour son inoubliable accueil d'hospitalité qu'elle nous a réservé dans la fidélité de ses traditions ancestrales.» Et au grand maître, Nassim Maâlouf, d'ajouter : «La chaleureuse joie de ce soir restera gravée en ma mémoire et ainsi j'avoue, en cet instant, que je ne veux plus quitter ces lieux et l'Algérie. Grand merci à toutes et à tous.» Cette symbolique soirée a été rehaussée par la participation de la doyenne et centenaire, Hamadou Ouardia, native de La Casbah, qui, drapée dans son superbe haïk algérois, a remis à Nassim Maâlouf une médaille du souvenir, offerte par l'association les Amis de la Rampe Louni Arezki et Casbah Editions. Un message avec une empreinte culturelle de lieux de mémoire et d'histoire qu'est La Casbah, afin de raffermir des liens universels d'amitié incarnés par un précieux patrimoine de l'humanité à léguer aux générations futures. En ce siècle agité de convulsions, de tourments et d'incertitudes, le genre humain dans la désolation et l'effarement du doute ne peut retrouver sa véritable raison existentielle et la profondeur de son âme qu'à travers l'univers lumineux de la culture. Aussi, nous citerons à ce propos cette célèbre maxime de Francis Banche : «Quand j'entends le mot revolver, je sors ma culture.» Quelle réconfortante vision d'espoir pour un avenir d'humanisme, serein salutaire et apaisé. Email : [email protected]