Quatre jours après l'enlèvement de Haddad Meziane, les services de sécurité à Tizi Ouzou continuent leurs investigations en privilégiant la piste terroriste, mais sans vraiment avancer dans l'enquête. Selon diverses sources, l'enlèvement serait l'œuvre d'un des groupes terroristes activant en Kabylie et affilié au GSPC, qui a demandé une grosse rançon pour sa libération. C'est la deuxième fois en moins d'une année que les terroristes procèdent de cette manière à Tizi Ouzou et des cas similaires ont été enregistrés à Boumerdès. Il y a quelques mois, un groupe activant dans les maquis de Mizrana a enlevé le propriétaire d'un bar à Tigzirt et sa famille a reçu une demande de rançon de plus de 700 millions de centimes. Après avoir payé, la victime a été relâchée. Selon de nombreux observateurs au fait de l'activité des groupes terroristes en Kabylie, ces derniers agissent en petits groupes très mobiles, difficilement localisables. Des groupes qui activent au nord, du côté du maquis de Mizrana, au sud vers Draâ El Mizan et Boghni, au centre de la wilaya de Tizi Ouzou entre Beni Douala et Aïn El Hammam et à l'Est, aux frontières avec Béjaïa. Selon les différents services de sécurité, se basant sur des informations fournies par des repentis ou des terroristes capturés, ils seraient encore plus d'une centaine à activer entre l'est de la wilaya de Boumerdès, Tizi Ouzou et l'ouest de la wilaya de Béjaïa. Pour nos interlocuteurs, la nouvelle stratégie de ces groupes terroristes ou une partie d'entre eux est claire. La charte pour la paix leur accorde un délai de six mois pour déposer les armes. Pour ne pas rentrer bredouilles, ils veulent amasser le maximum d'argent avant de se rendre. C'est ce qui explique le montant faramineux, une vingtaine de milliards selon des sources concordantes à Tizi Ouzou, exigé à la famille Haddad, pour la libération de Meziane. Une fois l'argent empoché, ils pourront se rendre et bénéficier de toutes les dispositions de la charte. Ils seront alors blanchis et pourront faire fructifier l'argent volé. Les pouvoirs publics resteront-ils inactifs face à cette nouvelle forme de terrorisme ? Que ce soit l'œuvre de groupes terrorismes ou du grand banditisme, le kidnapping commence à inquiéter sérieusement. Après avoir souffert, comme d'autres régions du pays, de la sauvagerie terroriste et après les années de crise qu'elle a vécues après 2001, en faisant fuir de nombreux industriels, la Kabylie et la wilaya de Tizi Ouzou en particulier risquent de payer encore lourdement cette nouvelle forme de terrorisme qui cible des entrepreneurs, des commerçants et des patrons d'entreprises, dans le seul but d'extorquer des fonds, qui serviront à assurer une retraite dorée à de nombreux terroristes.