Parti pour une saison transitoire après la saignée de l'exercice précédent, où pas moins de dix joueurs ont quitté le club, le onze ententiste boucle la saison avec un titre, synonyme de 6e étoile à floquer sur son mythique maillot noir et blanc. Le parcours des Sétifiens, qui n'ont pas, au coup de starter, bénéficié des faveurs des bookmakers, a été sinueux et pléthorique en embûches. Pour diverses raisons, l'entame de la préparation d'avant-saison n'a été lancée que tardivement. Comme un malheur n'arrive jamais seul, Aoudia et, à un degré moindre, Delhoum n'ont pas effectué la préparation foncière. Le mercato estival a été marqué par d'interminables navettes de joueurs à embaucher. Le nerf de la guerre, qui fait encore défaut au champion, n'a pas arrangé les affaires des Sétifiens décidés à surmonter les obstacles et à relever, une fois encore, le défi. Renouvellement Le renouvellement de l'effectif à 80%, et ce, pour la deuxième année consécutive, n'a pas rassuré les milliers d'inconditionnels qui croisent les doigts. Le recrutement d'un contingent (Khedaïria, Ziti, Benabderrahmane, Lagraâ, Okbi, Soltani, Madouni, Annab, Dimba, Chellali, Mischak, Ghoul, Yaya) de nouveaux joueurs, dont certains n'ont pas fait l'objet de tests, n'a pas été en outre du goût des fans, sceptiques. La belle entame de l'exercice face au MCEE au stade Messaoud Zoughar d'El Eulma, où les Ententistes ratent de peu la victoire, enchante les supporters qui se mettent à croire en la bonne étoile de cette Entente nouvelle version. La bonne négociation du derby a, le moins qu'on puisse dire, boosté le moral des Ententistes enchaînant les bons résultats. Comme l'appétit vient en mangeant, l'Aigle noir termine la phase aller, en pole position, avec 31 points. Durant cette phase, la défense, qui se distingue, n'a encaissé que 8 buts. Cultivant le paradoxe, l'ESS, qui réalise une excellente première partie de championnat, rate lamentablement son mercato hivernal. Passage à vide Les renforts exigés par Velud, qui avait demandé un axial, un demi-défensif d'un certain gabarit et un milieu offensif excentré gauche, n'ont pas été ramenés par le staff dirigeant. Ce dernier s'est même permis le luxe de libérer pas moins de 5 joueurs (Dimba, Yaya, Annan, Soltani et Chellali). Le recrutement de deux défenseurs (Maâmeri et Djarroudi), qui n'ont pas beaucoup joué, n'a été, en fin de compte, d'aucune utilité pour le onze sétifien. La manière de faire des «recruteurs» du club a failli tout remettre en cause. D'autant plus que le onze, tournant avec un groupe de 14 ou 15 joueurs, marque le pas à quelques encablures de la fin de l'exercice. La répétition des rencontres à grands enjeux est ressentie pour un collectif exténué par un calendrier démentiel, les blessures et les suspensions de bon nombre de cachets obligés à déclarer forfait au mauvais moment. L'indisponibilité des uns et le forfait du nerf de la guerre tracassant certains joueurs qui n'ont pas été payés depuis des mois se répercutent négativement sur le rendement et les résultats du onze qui broie du noir. L'élimination en demi-finale de la Coupe d'Algérie et de la Ligue des champions d'Afrique illustre le passage à vide des Noir et Blanc qui se mettent à douter. records L'apport d'un merveilleux public ne lâchant pas prise transcende les camarades de Benchadi qui trouvent les ressources mentales pour remonter la pente et renouer avec le succès. Les victoires enregistrées face à l'ASO et la JSK donnent une certaine vitalité aux Ententistes qui s'accrochent à leur première place, arrachée au bout d'une longue et harassante saison. Les partenaires de Khedaïria, qui ont été, tout au long de la phase retour, privés des services d'un préparateur physique attitré, réalisent le vœu de milliers de fans qui sont aux anges. En dépit des innombrables problèmes, le collectif ententiste ne disposant pourtant pas de «vedettes» arrive non seulement à damer le pion aux grosses cylindrées, mais à s'illustrer une nouvelle fois avec un effectif amoindri. Les qualités morales des joueurs, qui n'ont pas été payés pour certains d'entre eux depuis des mois, sont pour beaucoup dans la consécration de l'Entente qui est encore et toujours empêtrée dans d'inextricables problèmes financiers qui n'ont paradoxalement pas freiné un onze avide de consécration. Bouclant l'exercice avec 59 points, l'Aigle noir, qui a inscrit 55 buts, réédite les records des saisons 1975/1976 et 1988/1989. En empochant 42 points à domicile, les Sétifiens, qui ont gagné 18 matches dont 4 à l'extérieur, fait match nul à 4 reprises et perdu 7 manches, ont, en un mot, arraché leur 6e étoile sans les pétrodollars… sachant que les dépenses du club n'ont pas excédé les 300 millions de dinars.