L'industrie pharmaceutique algérienne risque de connaître un véritable coup de frein si les exigences de l'OMC entretenues par des pressions extérieures venaient à être accordées par le gouvernement algérien dans la perspective de son adhésion à cette organisation. L'industrie pharmaceutique algérienne risque de connaître un véritable coup de fouet si les exigences de l'OMC, entretenues par des pressions extérieures, venaient à être accordées par le gouvernement algérien dans la perspective de son adhésion à cette organisation. La levée de la protection de la production nationale des médicaments, un des points nodaux des négociations, serait au centre des débats. Des décisions urgentes devraient être prises dans les prochaines semaines. Selon une source proche du dossier, une réunion a regroupé deux producteurs nationaux (un privé et un autre du secteur public) avec le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, la semaine dernière à Djenane El Mithaq, au cours de laquelle le sujet a été abordé. C'est le ministre lui-même, selon notre source, qui a évoqué l'idée de réfléchir à de nouvelles solutions pour protéger la production nationale en remplacement de la décision d'interdiction d'importation d'une liste de plus de 200 dénominations communes internationales (DCI). Une décision adoptée en 2008 sous le gouvernement Ahmed Ouyahia dans le cadre d'un arrêté portant interdiction d'importation des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine fabriqués en Algérie. L'idée, à l'époque, était de réduire la facture d'importation qui avait atteint, en 2008, plus de 1,5 milliard de dollars et l'objectif essentiel était d'aider à développer la production nationale. «Un gain de 200 millions d'euros peut être réalisé grâce à cette interdiction pour l'année 2009», avait prévu le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui ambitionne d'atteindre les 70% de ses besoins en médicaments contre 35% actuellement d'ici 2014, alors que la facture d'importation des médicaments avait atteint 2,23 milliards de dollars en 2012. Ce qui risque de ne plus être une priorité puisque les pressions sont tellement importantes que l'on peut éventuellement sacrifier une jeune industrie qui commence à peine à voir le jour. D'ailleurs, une deuxième rencontre est prévue demain avec le ministère du Commerce afin de discuter d'éventuelles propositions des différents partenaires à ce sujet. Du côté du gouvernement, il n'est nullement question de la levée de l'interdiction d'importer les médicaments produits en Algérie. «Le gouvernement n'a aucune intention de lever l'interdiction d'importer ces médicaments», assure une source proche du Premier ministère, avant de préciser qu'«il n'a jamais été question de lever cette protection, elle n'est pas à l'ordre du jour et elle ne le sera pas». Et de réfuter toute instruction du Premier ministère allant dans ce sens. Les producteurs nationaux, qui ignorent cette rencontre entre le ministre du Commerce et les deux producteurs algériens, estiment que de telles décisions nécessitent une large concertation avec tous les partenaires. «Je suis étonné que cette réunion n'ait concerné que deux opérateurs, alors qu'il existe des associations représentatives du secteur. Quels ont été les critères de choix de ces deux représentants ?», estime Nabil Mellah, producteur de médicaments et directeur général de l'entreprise Merinal. Pour lui, il serait hasardeux de faire des concessions par anticipation et que même si elles devaient être faites, elles ne devraient l'être qu'au moment de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. «Cette accession est l'affaire de tous les Algériens, il est indispensable que nos négociateurs intègrent ce qu'il faut préparer, cela en concertation avec les représentants des opérateurs qui ont définitivement besoin de visibilité», a-t-il ajouté. Pour le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), le Dr Kerrar, son organisation n'a été ni informée ni consultée à ce sujet. Il signale que si cette information venait à être confirmée, il est clair que c'est le fait des pressions extérieures exercées sur l'Algérie d'autant que par le passé, des mesures ont été prises sur la propriété intellectuelle et le gel de l'interdiction d'importation des médicaments fabriqués localement sous prétexte d'une adhésion imminente à l'OMC, en 2003 et en 2005, alors que des experts s'accordent à dire que la mise en œuvre prématurée de certaines dispositions vont inciter les partenaires à surenchérir de nouvelles exigences et concessions nouvelles. «C'est aussi une mauvaise nouvelle pour tous les investisseurs qui ont cru en la politique de promotion et de soutien à la production nationale. Ce sera également un nouveau frein pour tous les contrats en négociation entre les producteurs locaux et étrangers», a-t-il dit. Rappelons que le ministre du Commerce avait déclaré à la presse, à l'issue du 11e round, que l'Algérie s'est engagée à rendre les réponses fin juin, le 15 juillet au plus tard. L'Algérie doit répondre à certains points relatifs à l'investissement dans le secteur des services, conformément à la règle des 51/49% régissant l'investissement étranger, ainsi que d'autres points relatifs à la propriété intellectuelle.