Depuis quelques années, les pouvoirs publics se sont rendu compte de la nécessité de valoriser l'énergie renouvelable et d'en faire une source complémentaire aux côtés des hydrocarbures. L'Algérie qui dispose d'un gisement solaire des plus élevés au monde s'est lancée dès les années 1990 dans des projets d'expérimentation dans la région du sud pour arriver quelques années plus tard à concrétiser un programme ambitieux d'électrification rurale solaire photovoltaïque. Ce programme a été réalisé par Sonelgaz, plus précisément par les ingénieurs du Centre de Recherche et de développement de l'électricité et du gaz. Selon M. Guezzane, chef du programme en question, 20 villages du Sud, à nombre de foyers réduits caractérisés par leur isolement et leur éloignement de tout réseau de communication ont été ainsi électrifiés à l'énergie solaire grâce à ce programme. Leur alimentation en électricité par les filières classique (diesel ou réseau) aurait posé, en plus des coûts de réalisation excessifs, un véritable problème d'acheminement du combustible, affirme l'ingénieur. Dans le cas de l'utilisation du réseau électrique, des difficultés certaines auraient également surgi notamment lors des travaux de maintenance des lignes électriques aériennes, ajoute-t-il. Les villages concernés par ce programme sont tous situés à l'extrême sud du pays. Il s'agit de petites localités éparpillées sur les territoires des wilayas de Tamanrasset, Adrar, Tindouf et Illizi. Les premiers foyers bénéficiaires de cette énergie solaire photovoltaïque, dont la mise en service remonte à 1998 / 1999, sont ceux des villages enclavés de Moulay Lahcen, In Delagh, Tahifet, Arak et Gara. Au total, se sont pas moins de 906 foyers qui ont été ensuite alimentés en électricité produite par des installations comprenant entre autres un certain nombre de modules photovoltaïque, des batteries et des onduleurs. Selon les explications du chef du projet en question, la consommation par foyer est estimée entre un minimum d'environ 1,5KWh/ jour et un maximum de 2 KWh, représentant la consommation de 5 lampes néon, 1 réfrigérateur, un téléviseur et un ventilateur. Cependant, "le regroupement des foyers permet avec le foisonnement des charges de satisfaire certaines périodes de pointes de consommation", précise notre ingénieur. Le coût global du programme a été évalué à 77 milliards de centimes dont 55% représente la part du matériel importé, ajoute-t-il. A la question de savoir quel est l'impact ce type d'énergie peut-il avoir sur la vie sociale et économique de la région, M. Guezzane affirme que l'électrification a permis "une dynamique de sédentarisation de la population, un plus grand peuplement des régions désertées et un accès massif au réseau électrique par la mise à disposition de l'énergie électrique à plus de 82,3% des maisons construites en dur". Un potentiel énergétique énorme... mais Selon certaines estimations, l'ensemble du territoire national recèle un potentiel de 2000 heures par an de durée d'insolation. Elle peut atteindre les 3900 heures sur les hauts plateaux et le Sahara. L'énergie quotidienne reçue sur une surface horizontale de 1m2 sur la majeure partie du territoire national est évaluée à 5 KWh, soit une puissance d'environ 1 700 KWh/m2/an dans le Nord du pays et 2 263 KWh/m2/an dans les régions du Sud. Les secteurs pouvant tirer profit de ce potentiel énergétique énorme sont multiples, allant de l'électrification rurale des localités isolés, jusqu'à l'alimentation en eau des populations en passant par l'irrigation agricole et la production d'eau chaude sanitaire. Cependant, le développement de l'énergie renouvelable pose, de l'avis des spécialistes, des contraintes généralement liées aux surcoûts. Invité récemment à une conférence débat organisée par le Forum d'El Moudjahid, Tewfik Hasni, PDG de la New Energy Algeria (NEA), a estimé que "ces surcoûts sont liés au caractère nouveau de toute technologie nouvelle qui apparaît sur le marché", mais "le choix de la solution hybride (gaz et solaire) est conçu comme un moyen de réduire ces surcoûts". Cette technologie de l'hybride permet, selon le même responsable, "de maintenir le surcoût à un niveau de 80% du prix de l'électricité provenant d'un cycle combiné gaz. Ce surcoût devrait se réduire encore dans les dix prochaines années". La technologie hybride cycle combiné offre, ainsi, "l'avantage d'optimiser la synergie gaz-solaire." Cette technologie, selon le PDG de la NEA, est utilisée avec succès depuis 1980 aux Etats-Unis. Elle permet, souligne-t-il, "de donner une flexibilité plus grande à la valorisation du gaz, ainsi qu'une économie du gaz qui aurait été utilisé dans la production d'électricité aussi bien pour les besoins nationaux qu'à l'exportation". Les objectifs annoncés pour les énergies renouvelables dans les consommations énergétiques mondiales, évaluées aujourd'hui à 6%, devraient se situer à hauteur de 12% d'ici à 2020.