Sokhal Ramdane, président de la société de gestion des participations céréales, évoque dans cet entretien le rachat des actions d'Eriad Sétif ainsi que le processus de privatisation. Le remboursement des ayants droit des actionnaires décédés ne constitue-t-il pas un frein au rachat du million de titres ? Tous les aspects juridiques sont pris en charge par des intervenants, spécialistes en la matière. Eriad Sétif, qui sera aidée par la SGP, la Cosob, des consultants juridiques et la BADR en charge du remboursement, bouclera l'opération à la fin mai, comme décidé par le CPE. Au plan du droit, que préconisez-vous pour les actionnaires qui n'adhérent pas à une telle démarche ? La résolution a été arrêtée à la majorité. La minorité ne peut donc bloquer cet inévitable processus. L'Etat par le biais du Conseil des participations de l'Etat (CPE) veut par une telle démarche conforter la crédibilité de l'entreprise. Et c'est dans l'intérêt des petits porteurs que l'Etat a autorisé le rachat des actions à un prix négocié. L'opération, qui a un coût financier, se fera-t-elle sans incidence sur les équilibres de la trésorerie de l'entreprise ? Eriad Sétif a par le biais de ses dépôts à terme (DAT) les moyens de sa politique financière, consistant à rembourser les petits porteurs et les institutions financières dans les mêmes conditions. Que les partenaires de l'entreprise se rassurent de ce côté-là. L'Etat tiendra comme à l'accoutumée ses engagements. En 1998, l'action est vendue à 2300 DA ; sept ans après, l'on rachète à 1500 DA. Ne pensez-vous pas que l'actionnaire a été quelque peu floué ? C'est possible du point de vue légitimité. Du point vue économique, la réponse est tout autre. On doit savoir que huit filiales sur les dix que compte Eriad Sétif présentent un actif net négatif, sont donc au bord de la faillite. Se trouvant par la même sous les dispositions de l'article 715 bis 20 du code de commerce. Laissez-moi vous dire que le plus lésé dans l'affaire c'est l'Etat. Avec le retrait d'Eriad Sétif, peut-on encore parler ou rêver de marché de capitaux et de Bourse en Algérie ? La Bourse en Algérie n'a jamais existé. Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une cotation administrative. On a ces derniers temps constaté une baisse des transactions boursières sur les titres d'Eriad Sétif. Cette faiblesse résulte des mauvais résultats obtenus par les filiales. C'est cette situation qui est à l'origine du gel de la cotation du titre. La privation du secteur de la transformation des céréales est donc inéluctable ? Le bilan de la SGP est globalement positif. Sur les 54 moulins en activité, 15 ont été cédés. Six filiales du groupe Eriad Sétif sont d'ores et déjà convoitées par des repreneurs nationaux. Les leuveries de Oued Smar (Alger) et Bouchegouf, à l'arrêt depuis des années, ont été vendues à Lesaffre, implanté dans 135 pays. La privatisation de la filière est inévitable et bénéfique à la fois. Pour preuve, la firme française Lesaffre, qui vient de reprendre les travailleurs ayant bénéficié du volet social, compte former son personnel devant fabriquer localement un produit pour lequel l'Etat débourse annuellement 80 millions d'euros. La biscuiterie de Cherchell est l'autre exemple de la privatisation réussie. La filiale de Corso sera cédée à un Tunisien connu dans le monde de l'agroalimentaire. La privatisation ne pouvait se mettre sur rails que grâce aux efforts du CPE mettant les bouchées doubles pour traiter rapidement et efficacement les différents dossiers.