Difficulté n La cession des entreprises aux travailleurs dans le cadre de la privatisation relève presque de l'impossible. Syndicats et experts convergent sur le fait que les conditions imposées aux salariés par le gouvernement pour le rachat de leur propre entreprise sont draconiennes. Lors d'une table ronde organisée hier par le quotidien El-Moudjahid sur les privatisations sous leur volet rachat des entreprises par les salariés, les intervenants ont sévèrement critiqué la procédure du dispositif 353 relatif à la privatisation. Celui-ci impose aux salariés intéressés par la reprise de leur entreprise de se constituer, dans un délai d'un mois, en société avant de manifester leur intérêt. Une condition qualifiée d'impossible. Ils estiment, par ailleurs, qu'il n'est pas juste que tous les salariés aient la même part. «Chaque salarié doit avoir un capital social en rapport avec son apport et sa rémunération. Selon le principe meilleur travailleur actionnaire», ont-ils soutenu. Les intervenants ajoutent qu'il y a des salariés qui ne sont pas intéressés par la prise de participations et devraient être dans ce cas indemnisés. Présent à cette rencontre, le président de l'Association des salariés a brossé un tableau empreint de critique, mais aussi d'optimisme. Il dira que depuis 1997-1998, 1 800 sociétés ont été créées par les salariés, et que 27 000 repreneurs ont été recensés. Il énumère, cependant, des insuffisances : les entreprises rachetées, outre l?absence de culture de l'entreprise chez les salariés, n'ont pas encore réussi à avoir leur acte de vente et elles ont besoin d'un appui financier de la part des banques, d'un fonds d?accompagnement. Ce même intervenant a soulevé le problème du registre du commerce qui leur fait défaut. «Nous n'avons même pas droit à ce document, nous opérons avec des récépissés», a-t-il déploré. Le président du Conseil consultatif pour la promotion de la PME a noté, pour sa part, que ce ne sont pas forcément les entreprises défaillantes qui sont à privatiser, mais dès qu'il y a manifestation de privatisation, il y a démobilisation totale de la part des managers et des travailleurs. Les salariés raisonnent en ces termes : «Nous allons être vendus, à quoi bon valoriser l'entreprise.» De son côté, M. Belarbi, syndicaliste, actif dans la fédération des pétroliers, affiliée à l'Ugta, a fait remarquer que la Centrale syndicale maintient les mêmes arguments au sujet de la privatisation. Les mêmes que ceux qu'elle avait développés au tout début du lancement du processus de restructurations du secteur public. Et de prévenir : «Détrompez-vous, la privatisation n'épargne aucune entreprise, pas même Sonatrach et Sonelgaz. Viendra le jour où elles passeront, elles aussi, sous contrôle privé.» Le président de l'association des exportateurs, M. Yaâlaoui, estime, lui, que ce ne sont pas toutes les entreprises qui, aujourd'hui, sont en faillite et qu'il faut que les salariés intéressés par le rachat d'une société aient les mêmes parts d'actions.