Sidi Feltane est un spectacle non conventionnel où l'imagination et le rire sont au rendez-vous. Avec Sidi Feltane, le dramaturge algérien, Ziani Cherif Ayad, signe une œuvre de qualité, réconciliant à coup sûr le public avec un théâtre non conventionnel. Connu depuis des décennies pour son travail reposant sur la créativité et le professionnalisme, Ziani Cherif Ayad, a réussi, encore une fois, à capter l'attention des nombreux présents, venus assister aux péripéties de la population de Aïn El Khobza. Produite par Gosto Théâtre, cette pièce rigolote sous l'intitulé Sidi Feltane est adaptée de trois chroniques du recueil Le Mythe en héritage de Mohamed Abbou, mise en scène par Ziani Cherif Ayad. C'est à travers un théâtre non conventionnel, reposant sur des textes «non dramatiques», que Sidi Fetlane s'est donné à voir avec beaucoup d'intérêt. Le public s'est pris au jeu dès le début de la prestation, ne sentant pas le temps passé. Durant une heure et des poussières de rire, entre délice, d'un côté et surprise, de l'autre, cette pièce est un régal pour les yeux et pour les oreilles, qui, par sa légèreté, apaise les tensions accumulées dès les premières minutes, et ce, jusqu'à la fin. Sidi Feltane a également ce pouvoir de faire réfléchir plus d'un sur sa société. Le spectateur est plongé dans le jeu scénique, dès que les marches du Palais de la culture sont entamées. Un genre de poste douanier — tenu par les deux comédiens, Mohamed Seghir et Sofiane Attia — annonce que les passagers sont bien arrivés à la république de Aïn Khobza. Le deuxième acte du spectacle est donné dans le patio. Un décor des plus simples est à l'honneur. Une pièce feutrée, des pancartes de manifestations et un discours des plus tranchants et loufoques à la fois sur la gouvernance d'un zaïm, le tout servi par des comédiens au talent fou. Totalement impliqué dans le spectacle, le public est ensuite invité à se diriger vers l'auditorium pour assister à la troisième partie du spectacle. La république de Aïn El Khobza est accessible après quatre heures de vol avec une escale de deux jours à Aïn El Gazouz. Les habitants de Aïn El Khobza évoluent dans une société où le mensonge, l'amnésie, la ruse, la corruption et l'aliénation sont maîtres. Cette région imaginaire détient un marabout, lequel est très convoité par la population pour ses remèdes miracles. Aïn El Khobza est également réputée pour son football médiocre et ses supporteurs littéralement déjantés. Aïn El Khobza fait même l'objet d'un film documentaire historique où la radio couvre l'événement on live. Au-delà de la trame impeccablement tissée par le dramaturge Ziani Cherif Ayad, chapeau bas pour les comédiens, Mohamed Seghir Bendaoud et Sofiane Attia, qui se sont illustrés dans des rôles brillants. Le musicien, Nourreddine Saoudi, a également occupé un rôle majeur dans cette pièce, puisque les différentes situations données ont été ponctuées par des haltes musicales nostalgiques. Il est à noter que dans le cadre de «l'Autre Théâtre», le grand projet de Gosto Théâtre, deux autres rendez-vous seront à l'honneur : le 3 juin à 15h à la bibliothèque du Palais de la culture, pour une table ronde intitulée «De la lecture publique à la représentation», le 5 juin à 15h et le 6 juin à 18h30 pour une lecture de quelques extraits du roman de Leila Aslaoui Hammadi, Sans voile sans remords, avec Amel Himeur, Wassila Aridj et Noureddine Saoudi.