Les nappes alfatières à l'échelle de la wilaya d'Oum El Bouaghi ont connu une diminution drastique, suite à un défrichement illégal. Selon des spécialistes, ces nappes couvraient autrefois 120 000 ha, mais à cause des défrichements, il n'en reste plus que la moitié au niveau de toutes les communes de la wilaya, notamment celles de l'est, qui disposent encore de nappes alfatières prêtes à l'exploitation, aussi bien en agriculture qu'en industrie. Il s'agit de Belala avec 15 000 ha, suivie par Behir Chegui, Rehia et Dhalaâ avec chacune 3 000 ha et enfin Djazia et Meskiana avec respectivement 1 000 et 250 ha. D'autres communes de la wilaya comme Oued Nini et F'Kirina disposent elles aussi d'importantes superficies couvertes d'alfa. Il y a un demi-siècle, les touffes d'alfa étaient exploitées par des artisans versés dans la sparterie. C'est une activité artisanale qui consiste à tisser avec les touffes d'alfa recueillies sur les parcours, divers objets d'utilité domestique. On en fabriquait surtout des tapis, des bissacs, des couffins, des cordes pour puiser l'eau des puits, etc. Aujourd'hui, cet artisanat a disparu au profit de produits manufacturés et importés des pays asiatiques ou d'Orient. Notre source d'information nous apprend que les nappes alfatières jouent un rôle prépondérant dans la protection des sols contre les érosions éolienne et hydrique, comme elles assurent encore un pâturage permanent pour le cheptel tant ovin que bovin. C'est aussi un produit cynégétique qui sert d'abri pour le gibier. Que faire pour assurer la régénération des parcours alfatiers, avons-nous demandé ? Selon notre interlocuteur, il existe des techniques appropriées pour régénérer le patrimoine. Comme l'alfa est rattaché au patrimoine des forêts, il serait impératif d'asseoir un arsenal juridique pour sa préservation et son développement. Un office national de l'alfa mettrait un terme à l'exploitation illicite, notamment son défrichage pour en faire des champs à labourer. Ainsi, les parcours d'alfa ne peuvent en aucun cas continuer à subir des agressions de la part de «défricheurs», comme cela a eu lieu avec les charbonniers de la région de Guern Ahmar, El Zorg et Djazia, qui ont défriché les forêts environnantes pour en fabriquer du charbon de bois qui est vendu ensuite dans les villes de la région de Aïn Beïda et d'Oum El Bouaghi. Toutefois, l'exploitation de l'alfa peut se faire de manière judicieuse, soit pour servir d'aliment de bétail, soit en industrie de cellulose pour la fabrication du papier. Il est toutefois préconisé de ne pas opérer des coupes profondes, touchant la racine même, chose qui accélèrerait son défrichement, et partant sa disparition. Par ailleurs, les nappes d'alfa nécessitent un entretien permanent pour les préserver contre les dégradations naturelles ou provoquées, en en éliminant les parties desséchées et en en aérant les parcours pour activer la revivification.