Des milliers d'habitants des régions sud de la Tunisie trouvent leurs comptes dans la ville d'El Oued, au sud de l'Algérie. C'est ce que nous a révélé un douanier rencontré au poste-frontière Taleb El Arbi. Les Douanes algériennes enregistrent une moyenne de 500 personnes par jour transitant à partir de ce poste, en direction de la ville d'El Oued, a indiqué notre source ajoutant que la majorité des Tunisiens y viennent pour s'approvisionner en carburant et faire également leurs emplettes. Depuis que la situation s'est dégradée en Tunisie, les citoyens résidant dans les villes de Tozeur, Douz et Matmata préfèrent faire leurs approvisionnements à partir des marchés de la ville d'El Oued, notamment en matière de carburants. Le procédé, précise un policier du poste Taleb El Arbi, est simple : «Les Tunisiens viennent souvent faire le plein d'essence à partir des stations les plus proches et le revendent dans le marché parallèle en Tunisie.» Notre interlocuteur a expliqué que les services de sécurité mettent les mécanismes nécessaires afin d'éradiquer ce marché de contrebande. En franchissant le poste-frontière, le premier constat est cette chaîne interminable de points de vente d'essence et de gasoil sur les bas-côtés de la route. Le trafic est assuré par des réseaux bien structurés de trabendistes, surnommés, comme l'a été indiqué un habitant de la ville de Tozeur, «les g'natria-pontiers» qui, ajoute-t-il, se servent à la pompe en utilisant des véhicules de gros tonnages dotés bien évidemment de réservoirs aux capacités importantes. Les quantités de carburant sont acheminées vers des entrepôts situés dans les régions urbaines. Ils n'ont jamais été inquiétés par les autorités tunisiennes qui, de l'avis même des citoyens de la ville de Tozeur, n'effectuent aucun contrôle. Sinon comment expliquer que des centaines, voire des milliers de bidons sont exposés sur les deux côtés de la route. Et dans le souci de faire face au trafic en tous genres, les autorités algériennes ont décidé d'installer un nouveau poste à la frontière algéro-tunisienne. Les travaux sont en cours, a-t-on constaté. Ce nouveau poste, précisent des douaniers, remplacera le poste Taleb El Arbi qui n'est qu'un simple poste de contrôle, et ce, de l'avis même des policiers et des douaniers. Les réseaux de contrebandiers versés dans le trafic de carburant et même d'armes traversent parfois en toute tranquillité la frontière. Le nouveau poste en question sera doté d'équipements sophistiqués dont des hélicoptères.