Rencontre n Le Palais des raïs (Bastion 23) a organisé, avec la contribution de l?association Sauvons la Casbah et le Centre culturel français, une conférence autour de la Citadelle. La conférence, qui entre dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine, n?était que le commentaire de l?exposition de photographie qui, se poursuivant jusqu?au 18 mai, se tient au Centre des arts et de la culture (Bastion 23). L?exposition comprend une série de photographies consacrées à la Casbah et prises, à l?époque, à la veille de l?indépendance, entre 1959 et 1961, par de jeunes photographes : Alain Gedovius et Yves Robertet. Elles représentent des rues, des intérieurs de maisons et bien d?autres lieux et quartiers qui, aujourd?hui, ont, malheureusement, disparu. Lors de la conférence, Djaâfar Lesbet, sociologue, architecte et urbaniste dira que «ces photographies permettent de restituer la physionomie de la Casbah à la veille de l?indépendance. Elles nous permettent également de recréer les liens avec un passé encore présent.» Et d?ajouter : «Ces photographies qui représentent une architecture pure et authentique vont nous servir de repères pour aider à mieux sauvegarder la Casbah.» Ainsi, ces photographies s?inscrivent dans les travaux de recherches et de reconnaissance de terrain esquissés par Djaâfar Lesbet pour aider à reconstituer la mémoire des lieux, car certains ont été amputés d?une part de leurs maisons, d?autres ont disparu, emportant avec eux les souvenirs du vécu. Le conférencier déplore l?indifférence à laquelle est vouée la Casbah. «C?est un site qui est réduit au silence. Il y a une indifférence que l?on ne comprend pas», s?indigne-t-il. Et d?enchaîner : «Depuis que la Casbah a été classée patrimoine international, le site a été continuellement amputé de nombre de ces quartiers.» Il dira également : «Si on totalise l?ensemble des budgets consacré par l?Etat au programme de la réhabilitation et de la sauvegarde de la Casbah, l?on se rend compte, et avec surprise, qu?aucun pays n?a accordé autant de subventions pour la sauvegarde de son patrimoine. C?est plus une question de société qu?un problème de financement.» Le conférencier déplore à cet effet que malgré l?argent alloué à cette cause, rien n?est fait. Le tissu urbain de la Casbah continue de se rétrécir. La sauvegarde de la Casbah, selon Djaâfar Lesbet nécessite, outre un soutien financier, un effort culturel, notamment. «Pour sauver un patrimoine, il faut avoir un Smig culturel», dit-il. Autrement dit : il faut sensibiliser les gens à la valeur historique de leur patrimoine, et pour cela il faut les initier à ce legs culturel. Pour lui, «pour sauver la Casbah, il faut qu?il y ait un projet de société, un projet urbain, citadin?». Il est impossible de restaurer correctement la Casbah, c?est-à-dire à l?identique, sans que le restaurateur ait une connaissance parfaite sur les rites et traditions de ses habitants. «C?est la raison pour laquelle il faut inviter les historiens, les sociologues, les architectes à réfléchir ensemble sur une action commune consistant à réhabiliter fidèlement, à l?authentique le site.» Djaâfar Lesbet estimera que «pour réussir à réhabiliter la Casbah ? ou un patrimoine quelconque ? il faut bien, et avant tout, réhabiliter les mentalités, car l?argent, seul, ne pourra suffire à mener à terme le programme de sauvegarde.