Evoluant dans un environnement très souvent hostile, sans formation préalable et généralement cantonné à la lisière des préoccupations de la corporation, le « localier » demeure le maillon faible d'une profession qui l'a longtemps perdu de vue. C'est ce qui a été clairement exprimé, hier, par les journalistes correspondants de sept wilayas de l'Ouest ayant participé à la journée d'étude organisée à l'initiative de l'Association des journalistes de Sidi Bel Abbès (AJB). Les interventions, dans la matinée, de Bouziane Benachour d'El Watan, de H'mida Ayachi d'El Djazair News et du docteur Tidjini de l'université de Tlemcen ont toutes convergé dans le sens d'une « revalorisation » du rôle du correspondant et de la nécessité d'axer les efforts vers des actions de formation périodiques. Dressant un constat des plus sombres, plusieurs participants n'ont pas manqué de dénoncer la précarité dans laquelle se débattent de nombreux journalistes, du fait essentiellement de l'absence d'un statut particulier et du non-respect des règles régissant la relation de travail par de nombreux patrons de journaux. « La plupart de ceux qui exercent à l'intérieur du pays sont sous-payés, non déclarés à la caisse d'assurance et ne bénéficient d'aucune assistance juridique quand ils sont appelés à comparaître pour des affaires de diffamation. Tout cela doit cesser ! », proteste un correspondant de Saïda. S'invitant au débat, sous une double casquette (journaliste et éditeur), H'mida Ayachi estime, avant toute autre chose, qu'il est nécessaire de faire un bilan sans complaisance de la pratique journalistique à l'intérieur du pays. « Certaines vérités ne doivent pas être occultées : les correspondants sont dans une impasse et doivent par conséquent s'organiser pour constituer une force de proposition », soutient-il, tout en suggérant : « S'il y a lieu de lancer un débat autour de cette question, cela doit se faire loin des lobbies locaux qui sont nés à la faveur d'une situation empreinte de confusion. » Et d'ajouter : « J'ai exercé en tant que correspondant pendant 4 ans et je constate toujours que même les conflits et les discours entre les correspondants sont faussés dès le départ, ce qui freine naturellement une certaine prise de conscience. » Abondant dans le même sens, Bouziane Benachour considère que l'essentiel est de définir un cadre de réflexion approprié pour permettre une meilleure prise en charge des préoccupations des gens de la corporation. « Rien ne sert de se lamenter, l'essentiel est de savoir que le journalisme est un métier et c'est dans ce sens qu'il faut œuvrer », dira-t-il. En marge de la journée d'étude, l'idée de créer un syndicat à l'échelle régionale pour pallier la faillite consommée des structures existantes a été soumise à débat.