Si la manifestation des chômeurs organisée à Ouargla le 14 mars dernier avait été un franc succès, celle de Aïn Beïda a été un échec retentissant pour le Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC). La faute est due, entre autres, à une communication plus agressive qui avait laissé le temps aux autorités de s'organiser pour contrecarrer la marche. «Pas question de refaire la même erreur du côté des chômeurs», assure Achour Sana, leader de la section du CNDDC à Béjaïa. Il poursuit : «Nous avons fait la communication avec le peu de moyens que nous avons, mais nous comptons sur le bouche à oreille et les médias qui devraient relayer l'information.» Pas question non plus de se limiter strictement aux chômeurs, comme nous l'a confié Tahar Belabbès. Même idée de Achour Sana : «Cette marche n'est pas seulement celle des chômeurs, mais celle de tous les opprimés, des étudiants dont l'horizon est bouché et de ceux qui occupent des emplois précaires.» Les dirigeants du mouvement entendent par ailleurs rompre avec l'image régionaliste qui leur colle à la peau : «Nous ne sommes pas régionalistes. Notre mouvement est d'envergure nationale, car le chômage touche l'ensemble de l'Algérie. Donc on attend des manifestants venant d'un peu partout demain. Nous sommes Algériens avant tout», ajoute le responsable béjaoui. Ce dernier déplore les promesses non tenues par le gouvernement qui ne met en place aucun «plan concret» pour endiguer le chômage, alors même que le CNDDC dénonce un marché de l'emploi restreint et saturé. Tournant politique Le responsable à Béjaïa fait une mise au point : «Trop souvent, le mouvement du CNDDC a été décrit comme économique et social sans réelle vocation politique. J'affirme que nous sommes bel et bien un mouvement politique républicain œuvrant pour le bien-être de tous ceux qui sont victimes de la hogra.» Le mouvement des chômeurs appelle également l'Etat algérien à faire preuve de davantage de transparence, en particulier concernant la manne financière. La requête du mouvement concerne aussi les bilans des dispositifs pour la jeunesse lancés en grande pompe tels que l'Ansej dont «on ne connaît pas les résultats précis». Pour autant, Achour Sana tempère en se disant «ouvert à tous les partis politiques sans exception aucune». Il regrette cependant le manque d'engagement de ces derniers dans la lutte contre le chômage et contre la paupérisation au sein de la société algérienne et les invite à travailler avec le mouvement «main dans la main». L'engagement du Parti des travailleurs (PT) ne semble pas convaincre. La première secrétaire du parti, Louisa Hanoune, avait auparavant mis en garde le mouvement contre une éventuelle manipulation par des puissances étrangères. Les responsables du CNDDC rejettent en bloc cette accusation «sans fondement aucun».