Une nouvelle marche des chômeurs est prévue, ce matin à partir de 10h, avec pour point de départ l'esplanade de la maison de la culture Taos Amrouche vers le siège de la wilaya de Béjaïa. La manifestation verra la participation des chômeurs et travailleurs précaires de Béjaïa ainsi que plusieurs délégations venues de plusieurs wilayas du pays avec les mêmes slogans : «Un travail décent pour tous», «Une allocation chômage a hauteur de 50% du SNMG pour tout demandeur d'emploi», «La permanisation des contractuels, du préemploi, du filet social et des travailleurs précaires», «Une vraie politique nationale de création d'emplois». A la veille du 15 juin, date choisie par la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) pour l'organisation d'une marche à Béjaïa, tout semble allait au mieux pour les organisateurs après une série de rencontres à travers les communes de la wilaya de Béjaïa. D'où le satisfecit affiché par Larbi Kakou, son coordinateur local. Comme annoncé une dizaine de jours plus tôt, c'est un grand virage que prend la CNDDC grâce à «l'adhésion des chômeurs, étudiants, contractuels, travailleurs du préemploi et du filet social». Car, faut-il le rappeler, c'est autour d'un débat sur les dernières mesures gouvernementales sur la question de l'emploi et des différents dispositifs d'insertion professionnelle que ces différentes franges de la société se sont rencontrées. étroite coordination Une importante délégation de chômeurs de la wilaya de Ouargla est actuellement à Béjaïa pour prendre part à la marche d'aujourd'hui. D'où la levée partielle du sit-in organisé depuis dix jours au niveau de la place Souk El Hedjar, près du ksar de Ouargla. Une étroite coordination lie les délégués des deux wilayas, déclare Tahar Belabès, coordinateur national de la CNDDC, qui croit en la jonction des efforts des franges démunies de la société dans la lutte contre la politique actuelle de l'emploi. «L'état actuel des choses nous conforte dans notre opinion ancrée depuis une dizaine d'années : rien n'est fait pour donner aux chômeurs de vrais postes de travail, tous les dispositifs lancés jusque-là sont de la poudre aux yeux et favorisent d'une façon ou d'une autre la précarité de l'emploi et la paupérisation des jeunes pour qu'ils se contentent des miettes», dit-il. Le coordinateur national de la CNDDC estime que les pouvoirs publics veulent tout simplement gagner du temps pour des raisons évidentes de maintien du statu quo en l'absence du chef de l'Etat. «Il est plus que clair que Sellal ne peut ni dégommer les sociétés de sous-traitance ni obliger les multinationales à respecter les lois de la République algérienne, même Ouyahia en a été incapable, le gouvernement risque gros s'il s'attaque aux vraies causes du dysfonctionnement et veut qu'on accepte des postes, via la sous-traitance, qui assurent tout au plus un modeste repas par jour et vous prive de dignité. Et bien ce sera un nouveau niet à partir de Béjaïa.» Précarité de l'emploi Dans un communiqué de presse rendu public le 9 juin dernier, le CDDCWB considère que les mesures annoncées par le gouvernement ne sont pas en mesure de régler la problématique du chômage et la précarité de l'emploi en Algérie et ne répondent pas aux vraies aspirations des chômeurs et des travailleurs précaires. Pour Larbi Kakou, «c'est une politique qui consacre la précarité, la ségrégation salariale avec pour seul objectif la pression sur les travailleurs permanents». Les idées convergent donc vers une lutte ciblée contre cette politique officielle accusée de manque de vision économique globale capable de créer de l'emploi et de la richesse. Pour les chômeurs, les pouvoirs publics refusent de les mettre à contribution dans une quelconque réflexion sur le chômage dans le pays et préfèrent faire la sourde oreille devant cette bombe à retardement. Tout en reconnaissant la légitimité des doléances des chômeurs du Sud, l'Etat continue sa fuite en avant en injectant des sommes colossales dans les différents dispositifs qui continuent à nourrir les mêmes bénéficiaires et faire de plus en plus de chômeurs, disent-ils. La CNDDC demande donc au gouvernement un vrai bilan sur ces dispositifs et réclame un travail décent et permanent avec un salaire digne à tous les Algériens.