Racisme, appels au viol, insultes, Cecile Kyenge, ministre italienne pour l'Intégration, a été la cible de Dolares Valandro, une élue d'extrême droite. El Watan Week-end remonte aux origines de ses réactions hostiles. «La nomination de Kyenge représente pour la Ligue du Nord une attaque évidente contre sa politique historique : la question anti-immigration», déclare Gianluca Passarelli, professeur à l'université de Rome. «Une récente enquête internationale a montré que 50% des Italiens considèrent toujours les immigrés (même en situation régulière) comme un danger pour l'identité italienne et un risque de crimes. En même temps, 50% des Italiens approuvent l'idée de donner aux immigrés le droit de vote pour des élections locales», poursuit-il. D'origine congolaise, Cecile Kyenge arrive en Italie à l'âge de 18 ans, où elle poursuit des études de médecine pour se consacrer au métier d'ophtalmologiste avant d'entrer en 2004 en politique. D'élue municipale, en passant par le statut de député, elle est nommée le 27 avril 2013 par Enrico Letta afin de former le nouveau gouvernement démocrate, une arrivée déjà sévèrement critiquée par Mario Borghezio (eurodéputé d'extrême droite). «Elle veut imposer en Italie des traditions tribales.» Parmi ses priorités : réformer la citoyenneté sur la base du droit du sol et abroger la loi du délit de clandestinité ; évidentes pour celle qui a obtenu sa nationalité par le mariage. Depuis sa nomination, les insultes racistes et sexistes ne cessent de pleuvoir : «Zouloue» «négresse» ou encore «singe congolais». Mais ce n'est rien comparé à la phrase choc publiée il y a une semaine par Dolores Valandro, élue de la Lega Nord (parti d'extrême droite) qui appelle ouvertement au viol de la ministre. Pour Gianluca Passarelli, il y a des «nouveaux partis d'extrême droite, comme la Lega Nord qui sont plus influents et plus importants». Il affirme que c'est «un phénomène européen lié à la difficulté de gérer la crise économique», mais plus particulièrement «les différences dans l'intégration des personnes de différentes religions, habitudes et cultures». Est-ce l'offense de trop ? Ou est-ce que la banalisation du racisme est devenue le point central de la politique d'opposition de la Lega Nord ? Doit-on craindre un renouveau du fascisme en Italie ? Selon Gianluca Passarelli, la réaction hostile du parti peut être interprétée comme «une simple réponse politique» ou «une question d'identité», Cecile Kyenge étant une menace à «la politique historique» du parti qui est celle de l'immigration. Cependant, la probabilité d'un nouveau fascisme est très faible, réduite à l'échelle de «groupuscules, violents et dangereux». Toutefois, le spécialiste précise en parallèle l'existence «de nouveaux partis d'extrême droite qui sont plus influents et importants».