Quatre députés de trois formations (FLN, FNA et MSP) ont adressés, il y a plus de deux ans, des questions au ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, portant sur la propagation du phénomène de la criminalité (vols, agressions) et du trafic de drogue. Ce n'est que ce jeudi, lors d'une séance plénière consacrée aux questions orales, que Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, y a répondu. Il n'a pas nié que les voyants sont au rouge. Le ministre s'est dit partager l'avis des députés qui s'inquiètent de la recrudescence, durant ces dernières années, de certains crimes, tels l'atteinte aux personnes et aux biens, les coups et blessures, le kidnapping, les vols qualifiés et de véhicules, au niveau des grandes villes, plus particulièrement à Alger, à Annaba et Constantine. Cependant, le ministre a estimé que la lutte contre la criminalité n'est pas uniquement du ressort du ministère de l'Intérieur, même si celui-ci détient une grande responsabilité. « La lutte implique inévitablement les autres secteurs, comme la Gendarmerie nationale, le département de la justice, les partis politiques et les composantes de la société civile qui ont pour devoir d'accomplir leur mission en matière de sensibilisation et de vulgarisation quant aux dangers de ce phénomène », a expliqué M. Ould Kablia. Le ministre a avancé, à cet effet, des chiffres pas du tout rassurants sur le phénomène qui a sensiblement augmenté en l'espace d'une année. Le nombre de kidnappings en 2004 était de 82 et en 2005, il a atteint 101. Les vols de voitures sont passés de 2194 en 2004, à 2624 vols en 2005. C'est, d'ailleurs, dans ce sens que le Conseil de sûreté nationale a pris la décision d'augmenter de 50% le nombre des agents de police pour atteindre 200 000 agents d'ici 2009. L'effectif de la Gendarmerie nationale augmentera également de 50%. Le représentant du gouvernement dira que les crimes transfrontaliers et les réseaux liés au crime international sont des réalités qui compliquent la situation. Cependant, lance Daho Ould Kablia, l'Etat ne croise pas les bras. Pour faire face à ce phénomène, une stratégie visant à adapter les mécanismes législatifs et opérationnels à la lutte contre la criminalité a été mise en place par le gouvernement. D'autres mesures ont été également prises dans ce sens. Il s'agit, a affirmé le ministre, de la décentralisation de la Police judiciaire, la mise en place de brigades criminelles, la modernisation de la police scientifique, la création de trois services régionaux de lutte contre le trafic de drogue, l'élaboration d'un vaste programme pour la formation et le recyclage du personnel de la sûreté. Le gouvernement a aussi promulgué cinq lois importantes en parallèle avec le redéploiement des structures opérationnelles et le renforcement du nombre des agents de police dans les quartiers. Dans ce contexte, M. Ould Kablia fera remarquer que le nombre des agents de police s'élève actuellement à 108 469 agents. La meilleure couverture sécuritaire est assurée, selon Ould Kablia à Alger, avec un agent pour 266 citoyens, alors que la plus faible est enregistrée à Adrar avec un agent pour 675 citoyens. En outre, 35 000 cadres de la police ont été formés durant les cinq dernières années. Pour le chapitre relevant du secteur du travail et de la sécurité sociale, Tayeb Louh, premier responsable de ce département, a souligné, en guise de réponse à une question portant sur l'assurance maladie, que la Sécurité sociale ne peut obéir aux prix du marché puisqu'elle applique sa propre tarification dans l'opération de remboursement dans le but de préserver ses équilibres financiers et d'assurer sa pérennité. Le représentant du gouvernement a indiqué que son ministère élabore actuellement un projet qui permettra de mettre en place un accord entre le médecin de la famille et le secteur de la sécurité sociale en vue de mieux maîtriser le traitement des données et d'instaurer davantage de transparence dans la gestion des opérations de remboursement. M. Louh a rappelé que la Sécurité sociale débourse environ 35 milliards de dinars dans le cadre du « forfait des hôpitaux ». Montant fixé annuellement par la loi de finances et destiné à la prise en charge des assurés sociaux et de leurs ayants droit.