Désertée par les opérateurs économiques pendant les années de terrorisme, la commune vit actuellement des subventions de l'Etat. Naciria, à une trentaine de kilomètres à l'est de Boumerdès. Ce qui devait être la façade de cette localité de 24.000 habitants est une gare routière délabrée où se mêlent transporteurs et marchands de fruits et légumes. Une partie de cette aire de stationnement, en contrebas de la voie ferrée, est transformée en un dépotoir pour les ordures. À travers les entrailles de cette agglomération, les images sont désolantes. Trottoirs et routes défoncées, eaux usées à ciel ouvert, détritus jonchant le sol agressent les yeux. Pour les élus locaux, l'image peu reluisante de cette vitrine devra changer après l'aménagement de la gare routière, prévu dans le cadre du programme de la modernisation de la voie ferrée reliant Thénia à Tizi-Ouzou. Le projet en question enregistre moins de 35% d'avancement, dépassant les délais contractuels de six mois. Mais Laâziv c'est aussi une zone rurale où des champs à perte de vue s'offrent aux regards à mesure qu'on se dirige vers le sud et sur les hauteurs de Sidi Ali Bounab. Une vue imprenable sur le barrage hydraulique de Boumraou et les champs de vigne plantent le décor. «Les CW5 et 107 desservant la plaine de Bouassem et les villages de la haute montagne sont restés dans la même configuration de la période coloniale, donc, jamais élargis», constate d'emblée Mohamed Djazairi, un citoyen de Taâzivt. La cinquantaine passée, cet homme à la barbe grisonnante, au visage basané, est l'initiateur avec un groupe de villageois dévoués, d'un projet visant à sortir la localité du sous-développement. «Ici, c'est tout le monde qui a du temps à en revendre», dit-il, les yeux rivés sur les trottoirs qui font office de terrasses des cafés longeant la station de bus. L'essentiel des infrastructures et des édifices publics sont concentrés au chef-lieu. «Là-haut, il n'y a rien du tout, juste un potentiel inexploité que nous voulons mettre en valeur à travers un séminaire incessamment», ajoute-t-il. «Nous avons mis en place plusieurs ateliers, et nous allons émettre des recommandations qui seront soumises aux services concernés sur les actions à entreprendre pour résoudre certains problèmes environnementaux et socio-économiques relevés dans notre commune», explique M. Djazairi. Les raisons d'une telle initiative sont à chercher dans l'un des villages de la commune. Destination Iouariachen, sis à 10 km du chef-lieu communal. Mouloud, membre du comité du village nous reçoit dans un café de ce bourg de 1.300 habitants. Attablés, des jeunes suivent l'actualité sportive européenne sur une chaîne étrangère. Remuant son café, Mouloud, 61 ans, commence par le problème fréquent : les coupures d'eau. «Nous avons insisté sur la réhabilitation des fontaines qui existent dans chaque village pour parer aux problèmes récurrents de la distribution de l'eau.En réalité la région regorge d'importantes quantités de ce précieux liquide, les installations AEP sont là, mais cette ressource est mal exploitée. Les villages de la plaine sont dispersés. Il y a de plus en plus d'habitations nouvelles qui attendent leur raccordement au réseaux d'AEP, de l'assainissement, au gaz et à l'électricité», dit ce sexagénaire. «Il nous arrive de passer un mois sans eau. Les pannes perdurent des semaines avant qu'elles ne soient réparées. Les gens se débrouillent comme ils peuvent ; il y a ceux qui creusent des puits, d'autres puisent de l'eau des fontaines ou achètent des citernes», fulmine un autre habitant. Quant au gaz naturel, le taux de pénétration dans la zone rurale n'est que de 13% seulement sur un taux global de 35% dans la commune. En outre, la couverture sanitaire laisse à désirer. Pour les soins spécialisés, les habitants de Naciria sont obligés de se rendre aux hôpitaux de Bordj Menaiel ou de Thénia. APC sans moyens Mouloud, reprenant la parole, souligne que le bureau de poste et la salle de soins du village sont fermés depuis 1981. À l'APC de Naciria, le vice-président, Khelladi Boualem, a indiqué que «sur six salles de soins existantes, quatre seulement sont opérationnelles». Le même responsable note que même la polyclinique du chef-lieu est dépourvue des spécialités et du personnel médical. «On y assure juste la médecine générale. Le service radiologie et le laboratoire d'analyses viennent tout juste d'être mis en service», a-t-il précisé. Les élus, dépouillés de leurs prérogatives, attendent beaucoup des pouvoirs publics. La commune est pauvre. Elle fonctionne avec les subventions de l'Etat. Les recettes de l'APC ont été revues à la baisse depuis l'arrêt des activités économiques dans la zone industrielle. Les investisseurs avaient délocalisé leurs affaires à cause de l'insécurité, indique-t-on. «Une enveloppe de 190 millions de DA a été dégagée pour améliorer davantage les conditions d'investissement dans cette zone d'activités», annonce l'élu. D'autres projets ont été proposés par les édiles locaux, tels qu'un marché couvert susceptible de créer de l'emploi et mettre fin à l'anarchie en ville, n'ont pas trouvé d'oreilles attentives à la wilaya. «Nous avons localisé une assiette de terrain entre Naciria et Bordj Menaïel pour l'implantation d'un CET (Centre d'enfouissement technique). Les services techniques de la wilaya sont venus, mais ils ne sont plus revenus», déplorent les élus. En attendant le retour des techniciens de la wilaya, les déchets sont jetés dans une décharge sauvage aux abords de la RN12, à l'entrée ouest de la ville. Ce sont là des raisons qui ont poussé certains citoyens, jaloux de l'avenir de la municipalité, à lancer des initiatives à même d'améliorer le vécu de la population. Les solutions existent, d'autant plus que la région recèle un potentiel humain et naturel non négligeable pour le développement du tourisme solidaire, de l'agriculture et même de l'élevage de poisson au niveau du barrage d'eau de Boumraou.