Sous le mot d'ordre «De nouveau la révolution», le mouvement Tamarod (rébellion), qui affirme avoir recueilli le soutien de 15 millions d'Egyptiens, défie le pouvoir des Frères musulmans en Egypte. La mobilisation générale du 30 juin à laquelle appelle ce mouvement d'opposition regroupant différents courants politiques installe l'Egypte dans une situation de doute. L'exacerbation des tensions entre partisans et anti-Morsi fait redouter des affrontements violents. Même au-delà du pays du Nil, l'inquiétude gagne du terrain. Les Etats-Unis, allié traditionnel de l'Egypte, espèrent que les manifestations de l'opposition ne donneront pas lieu à des violences. Ainsi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a souhaité, hier, que les manifestations prévues en Egypte par les opposants au président islamiste Mohamed Morsi «restent pacifiques et appelle le gouvernement à les respecter». M. Kerry, qui se trouvait en Arabie Saoudite, a affirmé que les manifestations étaient un moyen d'expression «tout à fait légitime». «Il est impératif que ces manifestations soient pacifiques, que le gouvernement les respecte et que le peuple respecte ses concitoyens», a-t-il affirmé, lors d'une conférence de presse commune avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al Fayçal. «Nous espérons évidemment qu'elles ne donneront pas lieu à des violences et seront un moment permettant de catalyser le changement positif en Egypte», a encore déclaré le secrétaire d'Etat. John Kerry a indiqué aussi que les Etats-Unis encourageaient l'Egypte à donner davantage d'espace à l'opposition et à redresser son économie, en berne depuis la révolte de 2011, en menant des réformes structurelles. «Nous espérons que les manifestations amèneront finalement le gouvernement à mener des réformes effectives et à mettre en œuvre les décisions requises concernant l'économie», a-t-il affirmé. Le président Morsi s'adressera aujourd'hui à la nation dans un discours, pendant que l'opposition a choisi le premier anniversaire de son investiture pour appeler à son départ. Il est accusé par différents partis politiques d'avoir «détourné au profit de son camp la révolution de 2011 qui a mis fin au régime de Hosni Moubarak». La mobilisation du 30 juin a valeur d'un test pour l'opposition et pour le président Morsi. Le risque d'affrontements violents pourrait plonger le pays dans un conflit qui aggraverait une situation déjà instable au double plan politique et économique. L'armée, qui demeure une force décisive dans l'échiquier politique, a mis en garde toutes les parties. Le ministre égyptien de la Défense, Abdelfetah Essissi, a averti dimanche dernier que l'armée interviendrait si des heurts éclataient à l'occasion des rassemblements.