Les producteurs traditionnels de pétrole, plus particulièrement de pétroles légers, commenceraient-ils à pâtir des effets du bouleversement du marché induit par l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels ? Tout porte à le croire. Les pétroles légers subissent ces dernières semaines une décote. Le pétrole produit en Algérie, connu sous le nom de Sahara blend, qui bénéficie, selon plusieurs analystes, de certaines qualités pour les raffineurs, n'échappe pourtant pas à cette tendance. Ainsi, l'agence de presse américaine Bloomberg, reprenant un courriel de Sonatrach daté de lundi, a annoncé que l'Algérie avait fixé un prix de vente référentiel officiel du Sahara blend à l'échéance du mois de juillet en décote. Un prix de 0,4 dollar en dessous du cours du brent de la mer du Nord à échéance. Quelques jours auparavant, la compagnie nationale des hydrocarbures annonçait une réduction de 0,85 dollars du prix du brut livrable en juin par rapport au cours du brent à échéance. Un fait tout à fait inhabituel, d'autant que le pétrole léger algérien a de tout temps bénéficié d'une prime variant de 1 à 3 dollars par rapport au cours du brent coté sur le marché londonien. Il semble que c'est une tendance lourde qui est en train de se dégager. En mai dernier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) annonçait que le Sahara blend lâchait plus de 8 dollars en mars et plus de 5 en avril. S'il est vrai que le prix du Sahara blend a été fortement impacté par le recul des cours du brent, il est très sensible à la demande des raffineurs européens. Ainsi, l'OPEP précise dans son dernier rapport sur les mouvements des marchés pétroliers que le Sahara blend a chuté en raison des faibles marges des raffineurs européens. L'OPEP évoque également d'abondantes fournitures en brut sur un marché qui devient très concurrentiel. Le pétrole algérien, qui a lâché la semaine dernière 3,5 dollars, selon les traders, n'est pas le seul à pâtir de la situation. Le pétrole léger Aziri ainsi que le brut libyen ont tout deux perdu respectivement 2,3 dollars et 1,5 dollar. Une situation qui se justifie par une surabondance de l'offre en Europe. Une surabondance qui s'explique par le double effet de la faiblesse de la demande dans un marché qui s'enfonce dans le tourbillon de la crise, mais aussi par l'arrivée de plusieurs fournisseurs hors OPEP sur le marché méditerranéen. En novembre 2012, Reuters, qui reprenait les propos de divers traders et analystes du marché, évoquait un volume de plus d'un million de barils/jour qui arriveraient en plus sur le marché européen et méditerranéen dès cette année. Aussi, la révolution des hydrocarbures de schiste aux Etats-Unis aggrave déjà la situation car, faut-il le savoir, les pétroles de schiste américains sont tout aussi légers et à faible teneur en soufre que ceux proposés par les fournisseurs traditionnels de bruts légers comme l'Algérie. Ce qui ne sera pas sans impact sur la demande américaine. Un contexte qui risque aussi d'engendrer un surapprovisionnement du marché en pétroles légers.