Le projet de décret portant révision des marges des médicaments fabriqués, conditionnés et importés pour la revente en l'état, tel qu'il est proposé à la signature au niveau de la chefferie du gouvernement par le ministère du Commerce, risque de pénaliser certains malades chroniques, dans la mesure où les importateurs pourraient avoir tendance à ne plus importer, à l'avenir, les médicaments sur lesquels ils n'auront pas de grandes marges bénéficiaires. C'est du moins ce que redoutent les différents intervenants dans la commercialisation des produits pharmaceutiques. La révision de certaines marges à la baisse, surtout pour ce qui est de l'importation, commence d'ores et déjà à susciter le courroux des importateurs. Le nouveau texte prévoit des fourchettes de prix et des marges bénéficiaires « dégressives appréhendées sur des bases objectives pour promouvoir la distribution des médicaments les moins chers et rétablir l'équilibre d'exploitation des entreprises de commercialisation », précise-t-on dans le texte. Trois paliers de fourchettes de prix sont alors proposés. Jusqu'à 300 DA, les marges seront de 15% pour le gros et de 50% pour le détail, de 300 à 500 DA, les marges seront fixées à 10% pour le gros et 30% pour le détail. Lorsque la fourchette est supérieure à 500 DA, la marge est fixée en valeur absolue à 120 DA pour le gros et 200 DA pour le détail. Ce qui est insignifiant pour les opérateurs économiques, d'autant que cette dernière fourchette représente 50% du chiffre d'affaires de la consommation algérienne. « Avec ces nouvelles dispositions, les marges passent pour les importateurs de 5% à 0,6%, puisque les marges proposées sont divisées en deux entre l'importateur et le grossiste », explique-t-on. L'analyse du texte de loi montre aussi que la perte de change occasionnée pour ces opérateurs n'est pas prise en compte. Pour ce qui est des marges de détail, les pharmaciens bénéficient d'un montant forfaitaire pour la promotion du générique de 15 DA par unité vendue de médicaments génériques inscrits dans la nomenclature des médicaments arrêtée par le ministère de la Santé. Le montant de services honoraires pharmaciens (SHP) accordé aux pharmaciens détaillants est fixé à 5 DA pour les médicaments inscrits dans les listes I et II et à 3 DA pour les médicaments figurant dans la liste III de la nomenclature des médicaments. Le projet de décret prévoit aussi de réviser la marge de la production pour la porter à 25% contre 20% dans le but de « stimuler les investissements dans la production locale des médicaments, notamment les génériques ». La même démarche est aussi proposée pour « dynamiser le conditionnement au niveau local des médicaments en lui octroyant une marge de 13% au lieu de 10% ». Par ailleurs, les dispositions du présent décret ne s'appliquent pas aux médicaments innovants considérés comme progrès thérapeutique majeur et dont la liste et les conditions de commercialisation sont fixées par arrêté conjoint des ministères chargés de la Sécurité sociale, de la Santé et du Commerce. Interrogé sur ces nouvelles dispositions, le président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie, M. Ziad, rejette catégoriquement la démarche adoptée à ce sujet. « C'est une décision unilatérale. L'instauration des marges bénéficiaires doit faire l'objet de négociations. La moindre des choses est de réunir tous les concernés pour discuter objectivement de ces points précis et se mettre d'accord sur le procédé », s'est-il contenté de dire. De son côté, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), M. Belambri, estime que certains articles de ce projet « n'arrangent » pas réellement les pharmaciens. « Nous rejetons l'idée du forfait tel qu'il a été proposé », a-t-il déclaré avant de signaler que des discussions sont engagées avec les ministères concernés pour une éventuelle révision de certains articles. D'aucuns s'interrogent sur l'aboutissement de ces nouvelles mesures si elles viennent à être adoptées, qui peuvent remettre en question le tarif de référence mis en œuvre à peine depuis 15 jours.