Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) a appelé, hier, à la révision du décret exécutif déterminant les marges maximales de bénéfice des intervenants dans l'industrie du médicament et définissant les modalités de dépôt des prix, adopté fin mai dernier par le Conseil de gouvernement. “Ce décret ne répond pas du tout aux attentes des pharmaciens d'officine. Il a été adopté sans tenir compte des revendications du Snapo et ces marges bénéficiaires sont contradictoires avec la politique nationale de santé qui vise à encourager les médicaments génériques”, a déclaré le président national du syndicat, M. Fayçal Abed, lors d'une rencontre avec la presse. “Ces marges sont en totale contradiction avec la politique gouvernementale prônée en faveur du médicament générique et demeurent très pénalisantes pour le pharmacien d'officine”, a-t-il ajouté. Le texte de décret en question stipule que plus le coût du produit est réduit plus la marge de bénéfice du pharmacien ou du distributeur est importante et inversement. La marge de bénéfice pour un médicament qui coûte 200 DA est estimée à 17% pour le grossiste et à 70% pour le détaillant, rappelle-t-on. M. Abed s'est interrogé sur quelle base a été décidée cette marge de bénéfice de 17%, rappelant que l'ancienne loi qui régissait ce domaine qui date de l'année 1998 instituait une marge de 20% pour les médicaments qui coûtent plus de 150 DA. Il a précisé, à cet égard, qu'“il n'y a pas de différence entre l'ancien et le nouveau système”, indiquant que ces marges sont “faibles” et risquent de causer la faillite des officines. M. Abed a affirmé avoir communiqué un rapport détaillé au ministère de tutelle, du Commerce et à la chefferie du gouvernement retraçant “la situation réelle” des officines sur plusieurs aspects et appelant la révision de ce décret, signalant que le Snapo “ne restera pas indifférent et est prêt à mener une action nationale” en cas d'absence de dialogue et de considération à ses doléances. Abordant la question des ruptures de stocks des médicaments, notamment, des maladies chroniques, M. Abed a déclaré que “c'est une réalité, le constat est là, mais la question qui reste posée, a-t-il dit, est de savoir qui a provoqué ces pénuries”. M. Abed a fait état d'une “réapparition soudaine” de certains médicaments sur le marché dès qu'il y a eu ouverture des importations, affirmant ainsi qu'il s'agirait d'une “rupture provoquée par certains opérateurs”. Abondant dans le même sens, le chargé de la communication du Snapo, M. Messaoud Belambri, a indiqué que la rupture des stocks de médicaments a été provoquée à cause du retard accusé au niveau des programmes d'importation et par ailleurs, en raison de la rétention opérée par certains opérateurs des stocks qui ont, a-t-il dit, “profité de la situation de rupture pour libérer ces produits d'une manière limitée”. M. Abed a, en outre, dénoncé les installations “anarchiques et inégales” de pharmacies dans les chefs-lieux de certaines wilayas et même dans la capitale, ce qui représente, selon lui, “un dépassement de la part des Directions de santé publique de wilaya”. Concernant les produits périmés, le Snapo s'inquiète sur leur sort, du moment que “leur incinération, a-t-il dit, demeure interdite dans les décharges publiques depuis 2002 en raison de la protection de la santé des citoyens et de l'environnement”. L'incinération des produits périmés, dont la quantité est estimé, selon le syndicat, à des dizaines de tonnes qui se trouvent au niveau des officines, devrait se faire dans des incinérateurs, a indiqué M. Abed, déplorant l'“inexistence d'incinérateur agréé” au niveau des hôpitaux. Annonçant dans la foulée la tenue du conseil national du Snapo mercredi prochain (9 juillet), M. Abed a, en outre, appelé les autorités concernées à élaborer une “liste officielle actualisée des psychotropes”, et ce, afin de “clarifier” le classement de ces médicaments. R. N./APS