Les jeunes résidants quittent le bidonville le matin et n'y reviennent que la nuit, afin d'éviter la déprime. Haouch El Hadj, les habitants souffrent en silence. Leur bidonville est situé près de la voie rapide, pas loin de la commune de Birtouta, mais il relève administrativement de la municipalité de Saoula. «Bien que nous habitions aux limites de deux communes, nous ne bénéficions des faveurs ni de l'une ni de l'autre», nous dira un père de famille rencontré sur place. «Nous sommes ignorés par les responsables de l'APC de Saoula et rejetés par ceux de Birtouta», explique-t-il. Les 300 familles, occupant ce hameau implanté depuis plusieurs années sur une terre agricole fertile, continuent à réfréner leurs «colère et frustration en attendant des jours meilleurs». Leur principale revendication, «faute de mieux», est la réhabilitation de la route principale menant vers leur foyer. «Regardez, cette voie est impraticable, rien n'a été fait pour améliorer son état», s'indigne un jeune habitant. En fait, sur place, nous avons constaté la présence de déchets de chantiers de bâtiments dont une partie a été étalée sur le sol. Renseignement pris, nos interlocuteurs expliquent qu'ils font appel, régulièrement aux entrepreneurs qui leur fournissent des gravats pour les étaler sur la voie afin d'obstruer les nids-de-poule et autres cavités. «C'est le seul recours possible pour permettre aux automobilistes de circuler, sans endommager leur véhicule et éviter les chutes aux enfants et aux personnes âgées», déclare un autre habitant. Les résidants de Haouch El Hadj expliquent que les autorités publiques doivent dégager un budget pour réparer cette route, d'autant que leur relogement n'est pas pour demain. Selon nos interlocuteurs, des dossiers de demande de logement ont été déposés depuis des années, mais rien n'a été encore décidé. Certains habitants de ce site ont déjà bénéficié d'un logement réalisé sur place par l'OPGI de Bab Ezzouar. Des logements, regrettent-ils, qui «n'ont pas bénéficié aux familles se trouvant dans le besoin». Plusieurs ont indiqué que «certains bénéficiaires, n'habitant plus dans cette cité, ont fermé ou loué leur appartement». L'autre problème soulevé concerne le transport scolaire. Les écoliers sont obligés de parcourir un long trajet à pied, pour rejoindre leur établissement. Hiver comme été, ces enfants souffrent le martyre, sans que les autorités concernées daignent prendre les mesures nécessaires pour remédier à cette situation. Par ailleurs, Haouch El Hadj est alimenté en électricité, mais il reste toujours dépourvu de raccordement au réseau d'alimentation en eau potable. Les habitants ont effectué des branchements sauvages. «Nous sommes prêts à payer si les services de la Seaal décident de nous donner l'autorisation de nous raccorder légalement.» En attendant, les familles installées dans ce bidonville depuis les années 1990, rêvent de quitter les lieux et habiter dans des appartements dignes disposant des commodités indispensables. «Aux conditions d'hébergement difficiles, s'ajoute l'absence totale de lieux de loisirs et de détente. Le pire, c'est que cette cité est éloignée des centres urbains, pénalisant notamment les enfants et les jeunes, pris en otages entre l'ennui et l'oisiveté», souligne un père de famille, ajoutant que «de jeunes résidants quittent le bidonville le matin et n'y reviennent que la nuit, afin d'éviter la déprime».