Le 51e anniversaire de l'indépendance nationale est fêté sous les auspices d'un régime politique à bout de souffle, disparu des radars et incapable même de trouver les ressources pour se régénérer. Le 5 Juillet est une halte historique obligatoire pour se remémorer et saluer les sacrifices du peuple algérien pour recouvrer sa liberté, mais, au fil des années, il est devenu difficile, pour de larges franges de la population, de célébrer un quelconque épanouissement social devant résulter de l'accès à la souveraineté nationale. Confisquée, l'indépendance est fêtée quasiment sur ordre d'un système politique qui ne tient plus sur ses pieds, mais qui dispose encore de quelques ressorts pour tenir les rênes du pouvoir. A une crise sociale qui ronge le pays depuis des décennies, viennent s'ajouter des incertitudes politiques arrivées aujourd'hui à leur paroxysme. Plus d'un demi-siècle de jouissance de l'indépendance pour déboucher sur un système de gouvernance basé sur l'improvisation, la manipulation, parfois le mensonge, comme nous l'avons vu récemment à l'occasion de l'épisode clinique présidentiel. Alors que nous n'avons pas fini de ressasser l'exigence de repentance en direction de l'ancienne puissance coloniale, nous nous retrouvons, par une cruelle ironie de l'histoire, dans la «contrainte» de solliciter le système de santé de ce même pays, de séjourner pendant des semaines dans ses établissements et même d'y tenir des réunions au sommet. S'il est naturel de confier le secret médical dans ces circonstances, l'opinion publique a du mal à concevoir que des dossiers d'Etat soient abordés dans ce même cadre, d'autant plus que la structure est notoirement militaire. Le sujet prend les contours d'un tabou national et la maladie du Président est en train de rejoindre la longue liste des phénomènes qui ont fini par être banalisés, comme la corruption ou le terrorisme islamiste. Au sujet de la corruption, les autorités ont conclu ce dossier, pour ainsi dire, en apothéose : des entreprises étrangères sont blacklistées ! Pour la corruption «nationale», touchant les institutions et les démembrements de l'Etat, le pouvoir fait le dos rond. Les personnalités sur lesquelles pèsent des soupçons de malversations sont déterminées à passer sans dégâts la période de turbulences. Au moment où, dans la région, des peuples décident de leur avenir politique à travers des élections ou dans la rue, le système algérien écarte toute idée d'associer la société civile ou les formations de l'opposition, l'entreprise politique étant globalement réduite aux initiatives de militaires à la retraite. Alors qu'il a déclaré faire confiance au «génie» du peuple égyptien pour mener à bien la transition, le pouvoir algérien ne veut toujours pas croire au génie de son propre peuple.