Le mois de Ramadhan est synonyme d'envolée généralisée des prix et de gain facile. Cette année, le grand écart varie entre 50 et 150% entre le marché de détail et de gros, selon les estimations fournies par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). La loi fixe les marges bénéficiaires pour certains produits dont les prix sont réglementés (sucre, huile) à 8% à la sortie d'usine, 5% pour les grossistes et 10% pour les détaillants. Les prix des autres produits agricoles sont libres, selon le ministère du Commerce, dont l'intervention se limite seulement au niveau des prix des produits réglementés. Un vide qu'exploitent les spéculateurs. «On ne peut pas appliquer la loi sur les marges bénéficiaires sans obligation de la facture et de l'usage des chèques bancaires», estime Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, joint hier par téléphone. Au niveau de l'informel, les transactions commerciales échappent au contrôle de l'Etat. Il y a trois ans, le gouvernement d'Ahmed Ouyahia avait tenté d'imposer l'utilisation du chèque pour les paiements supérieurs à 500 000 DA avant de faire machine arrière. Pour l'UGCAA, la hausse des prix des fruits et légumes a pour origine un manque flagrant en structures et autres espaces de commercialisation. «L'approvisionnement des marchés de détail se fait au compte-gouttes. Ce qui contribue à la hausse des prix», explique notre interlocuteur. Il existe en Algérie 1597 marchés, dont 43 dédiés au commerce de gros de fruits et légumes et 654 de détail et 623 sont des marchés hebdomadaires, selon les chiffres officiels. M. Boulanouar relève aussi un manque de chambres froides pour le stockage, dont le rôle, selon lui, est de garantir la stabilité des prix. Même si l'on assure la disponibilité de certains produits cette année, la production agricole reste déficitaire, note-t-il, en précisant que la demande nationale a augmenté de 20%, à moins de deux semaines du mois sacré. A titre d'exemple, la consommation nationale de fruits s'élève à 120 millions de quintaux par an, alors que la production ne dépasse pas 90 millions de quintaux. Idem pour les viandes rouges et blanches avec une production de 600 000 tonnes là où la consommation dépasse un million de tonnes. Pour combler ce déficit chronique, l'Algérie, rappelle-t-il, importe 50% de ses besoins alimentaires. La hausse des prix à l'international s'est naturellement répercutée sur le marché local.