Il en est toujours ainsi durant le mois sacré, les prix s'affolent, les commerçants se frottent les mains, les consommateurs jasent un peu, puis achètent les yeux fermés, et tant pis pour le pauvre !... En l'espace de quelques jours, le prix du kilo de poulet de chair a doublé sur les marchés de la wilaya de Constantine. Il est passé de 190 à 380 DA/kg. Une hausse jugée excessive et injustifiée par les consommateurs, notamment qu'elle survient à quelques jours seulement du mois de Ramadhan, et après une période durant laquelle les prix du poulet ont atteint des niveaux les plus bas. Une situation que des spécialistes incombent, sans aucune hésitation à des pratiques spéculatives qui ont franchi le seuil de l'entendement. Interrogé sur ce phénomène qui continue d'alimenter les débats, Bilel Guechi, connaisseur de la filière avicole et détaillant de la viande blanche au centre commercial El Ritaj de la nouvelle ville Ali Mendjeli nous dira, à ce sujet : «Durant quelques mois, le prix du poulet de chair a été relativement stable ; les prix affichés ont stagné durant une bonne période entre 190 et 220 DA /kg, mais en réalité le marché de la volaille demeure toujours soumis à la règle de l'offre et la demande.» Pour notre interlocuteur, les mesures de facilitation prises récemment par l'Etat, en particulier la décision de la suppression de la taxe sur l'importation de l'aliment de volaille, n'a pas influé directement et d'une manière notoire sur les prix. «Il me semble que ces derniers temps, et grâce à ces mesures, l'élevage de la volaille a attiré beaucoup de gens parmi les non professionnels qui ne cherchent que le gain rapide ; même des médecins et des bijoutiers se sont adonnés à ce commerce très rentable», dira-t-il. Et de poursuivre : «Certains ayant même un capital dépassant de loin les capacités financière d'un simple éleveur se sont trop investis dans ce créneau ; et pour preuve, il m'est arrivé il y a quelques temps de recevoir des coups de fil de certains de ces nouveaux aviculteurs qui désirent écouler toute leur production de poulet en un temps très court.» Selon lui, cette «surproduction » a eu un impact direct sur la baisse des prix du poulet pendant ces quatre derniers mois. «Il nous est arrivé de vendre jusqu'à 300 poulets par jour, or d'habitude on n'écoulait en moyenne que 150 poulets quotidiennement», notera-t-il. Une flambée reçue comme un électrochoc Toutefois, la question qui demeure toujours sur toutes les lèvres est la suivante : pourquoi après une période faste où le poulet était disponible à profusion et à des prix jugés abordables, il y a eu cette flambée qui a choqué les consommateurs ? En posant cette question à de nombreux marchands de volaille activant dans les marchés de la wilaya, ces derniers ont été unanimes à dénoncer les pratiques d'un « gros bonnet » de la volaille, très connu aussi bien par les détaillants que par les éleveurs de la wilaya, puisqu'il a touché aussi même à l'élevage ovin, et qui se trouve, selon leurs affirmations, derrière cette spéculation. «Il a tout fait pour faire monter les prix, car il s'attendait à une éventuelle hausse à l'approche du mois de Ramadhan ; de ce fait il a écoulé tout son stock au prix désiré», témoignent certains commerçants. Ces derniers indiquent que pour augmenter au maximum ses profits ce « gros bonnet » n'hésitera pas à conclure un marché avec un grossiste de volaille sur la base de 170 DA/kg au prix de gros au lieu de 100 DA/kg, c'est-à-dire que le consommateur aura son poulet à partir de 270 DA/kg au lieu de 190 DA/kg. «C'est ainsi que les prix ont fluctué» nous assure-t-on.