Intervenant, hier, lors de la célébration du 75e anniversaire de la création de l'association des Ouléma musulmans algériens, le docteur Abdelhalim Aouisse, éminent spécialiste égyptien dans l'histoire de l'Islam, a déclaré, en évoquant les massacres du 8 Mai 45, que « la France, qui se targue d'être le pays de la liberté et des droits de l'homme, doit présenter des excuses officielles pour ce qu'elle a fait subir au peuple algérien, d'autant que l'Algérie a payé un lourd tribut de 8 millions de morts en 130 ans d'occupation et non un million et demi de martyrs ». Pour cet enseignant à l'université du Caire, il s'agit de ne pas oublier l'histoire et « n'oubliez pas non plus vos 8 millions de morts. Sans haine, ni rancune. Mais la responsabilité historique de cette période coloniale ne doit pas s'égarer », a-t-il lancé aux présents, venus nombreux assister à cette rencontre internationale organisée à l'université Emir Abdelkader des sciences islamiques de Constantine. Egalement invité à ce séminaire de deux jours, le théologien Mohamed Saïd Ramadane El Bouti, un Syrien né en 1929 au Kurdistan, dans un village proche des frontières turques, a, quant à lui, saisi cette tribune pour rappeler que « la religion doit unir une nation et non la diviser ». Faisant référence aux douloureux et sanglants événements qu'a vécus l'Algérie durant la décennie noire, il a soutenu que « les hommes de religion ne doivent pas s'impliquer dans la politique », allusion faite à l'instrumentalisation de la religion par les dirigeants de l'ex-FIS et les conséquences de cet « amalgame » sur notre pays. « Ne soyez pas complices de vos adversaires d'hier en leur offrant des brèches pour s'immiscer de nouveau dans vos affaires. Vous les avez sortis par la porte, ils se sont par la suite infiltrés par les fenêtres. Soyez unis et ne refaites plus les erreurs du passé pour ne plus accorder à vos ennemis une troisième occasion de vous faire du tort », a-t-il lancé. Intervenant en dernier, le cheikh Abderrahmane Chibane, président de l'association des Ouléma musulmans algériens et ex-ministre des Affaires religieuses, a retracé pour sa part le parcours, les missions et les objectifs de cette association née en 1931 sous l'impulsion de l'imam Abdelhamid Benbadis, dont le 66e anniversaire de la mort a été célébré le 16 avril dernier. Créée par quelques religieux réformateurs, cette association avait le mérite d'avoir mené un combat inlassable contre la dépersonnalisation de l'identité algérienne durant l'occupation française et a articulé ses actions autour de trois principaux axes, à savoir redonner à la mosquée ses fonctions d'éducation et de conscientisation avec comme préalable une totale autonomie de la mainmise de l'administration d'occupation, créer un large réseau d'écoles indépendantes pour prendre en charge toute la composante de la communauté et lancer une vaste opération de reconstruction civilisationnelle par le biais de conférences et de meetings visant à libérer les Algériens du legs du colonisateur.