Les esprits commencent à s'apaiser à Trappes, cité populaire de la grande banlieue ouest de Paris, qui vient de connaître deux nuits marquées par des violences urbaines. La raison de la violence ? Le contrôle jeudi dernier par la police d'une femme vêtue d'un voile intégral (tenue interdite en France) qui a dégénéré. Son accompagnateur, un jeune homme, s'y serait violemment opposé, suite à quoi il sera interpellé et placé en garde à vue. Selon la police, il aurait tenté d'étrangler un policier, une version contestée par son épouse qui a accusé la police de violence. Très remontées, 250 à 400 personnes, selon des témoins, avaient manifesté vendredi soir près du commissariat de Trappes pour protester contre le maintien en garde à vue du jeune homme interpellé la veille. Les manifestants ont jeté des pierres, brûlé des poubelles et détruit des abribus. La police a répliqué avec des grenades de dispersion et des gaz lacrymogènes. Dimanche soir, alors que d'importantes forces de police étaient déployées, une tension palpable avait laissé craindre une nouvelle flambée de violence, avant un retour au calme. Des incidents de moindre intensité que les nuits passées ont tout de même touché Trappes et ses alentours dans la nuit de dimanche à lundi. La décision de remettre en liberté le jeune homme, qui avait refusé que son épouse soit contrôlée par la police, a quelque peu contribué à faire baisser la pression. Devant être jugé en septembre, il demeurera toutefois sous contrôle judiciaire jusqu'à cette date. De son côté, le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a confirmé que la situation était en train de se normaliser. Il déclaré que le calme était «en train de revenir» dans cette localité, où il s'était rendu hier matin. «Grâce au travail des policiers (...), aux renforts au cours de ces derniers jours (...), le calme est en train de revenir, et c'est l'essentiel», a déclaré le ministre socialiste lors d'un point de presse. Il a qualifié ces violences d'«émeutes» et les a jugées «inacceptables», tout en en relativisant l'ampleur. Les «émeutiers» étaient «200 seulement, dans une ville qui compte 30 000 habitants», a-t-il souligné. Il a insisté aussi sur le fait qu'il fallait «éviter tous les amalgames des quartiers populaires avec une minorité de voyous». Une loi difficile à appliquer Manuel Valls a par ailleurs justifié la loi interdisant le voile intégral adoptée en 2010 par la droite, et pour laquelle il avait voté alors qu'il était député de l'opposition. «Ce voile, qui nie l'identité même de la femme, n'a pas lieu d'être dans l'espace public», a-t-il déclaré dimanche. Cette loi «doit s'appliquer avec discernement, avec le respect des personnes. Je ne doute pas un seul instant que c'est ce qu'ont fait ces policiers» à Trappes, a-t-il ajouté. Les policiers sont souvent accusés par les habitants des quartiers populaires, particulièrement les jeunes, de pratiquer le «contrôle au faciès» et de leur manquer de respect. Le ministre, également chargé des rapports du gouvernement avec les religions, qui a multiplié les visites dans les mosquées depuis le début du Ramadhan le 10 juillet, a aussi souligné hier que l'on ne pouvait «confondre l'immense majorité de nos compatriotes musulmans (...) avec une minorité agissante, dangereuse, qui voudrait imposer une autre loi que celle de la République». Aucune autre loi ne s'impose, «ni celle des voyous ni celle des réseaux de drogue, mais encore moins celle des courants religieux quels qu'ils soient, fondamentalistes», a-t-il dit. Le point de vue de Manuel Valls sur la loi sur le voile intégral ne serait toutefois pas partagé complètement par sa famille politique. Le quotidien Le Figaro souligne que des voix s'élèvent à gauche pour remettre en cause ce texte voté. Trois ans plus tard, environ 705 personnes ont été contrôlées, 200 parce qu'elles portaient un masque, les 500 autres étant des femmes voilées. Autre élément intéressant : 30% des contrôles (204 sur 705) ont été réalisés dans les départements de la grande couronne parisienne, dont 130 contrôles dans les Yvelines. Ce qui expliquerait le ras-le-bol des populations ciblées. Le Figaro, qui donne la parole aux syndicats de police, révèle par ailleurs que «la loi reste délicate à appliquer». Avant même le vote, les syndicats de police avaient alerté sur la difficulté de faire respecter la législation dans certains quartiers, citant justement l'exemple de la ville de Trappes. Mais à l'époque personne n'avait voulu les écouter.