Les forces de l'ordre tunisiennes ont déjoué, vendredi, un attentat politique à Sousse. Elles ont arrêté trois «dangereux» terroristes. L'un d'eux est impliqué dans l'assassinat de Chokri Belaïd. L'assaut d'une autre cache de terroristes, à Tunis, a abouti à l'élimination de l'un d'eux et l'arrestation de quatre autres. Tunis (Tunisie) De notre correspondant Plusieurs arrestations et découvertes de caches d'armes ont été également enregistrées durant les dernières 72 heures. Est-ce un tournant dans la lutte contre le terrorisme ? Le guet-apens terroriste au mont Chaâmbi, ayant coûté la vie lundi dernier à huit soldats tunisiens, a constitué un tournant dans la gestion de la question djihadiste en Tunisie. En effet, depuis, plusieurs actions ont été déclenchées contre les terroristes. Ainsi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, a indiqué avant-hier soir que «les unités de sécurité ont réussi, pendant les dernières 48 heures, à contrecarrer une tentative d'assassinat à Sousse visant une personnalité politique, dans la matinée de ce vendredi 2 août». M. Aroui a confirmé également l'arrestation de «trois dangereux terroristes». La prise de l'un d'eux, au quartier Sahloul de Sousse, a nécessité un échange de feu nourri, l'individu ayant utilisé deux bombes artisanales et une mitrailleuse. Il s'agit de l'un des recherchés dans le cadre de l'assassinat de Chokri Belaïd. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a annoncé la saisie d'une quantité d'armes, de grenades et un ensemble de documents dans le domicile de ce groupe terroriste. Concernant la personnalité politique visée par cet attentat, deux versions circulent : d'une part l'hypothèse qu'il s'agit de l'écrivaine et dirigeante de Nidaa Tounes, Olfa Youssef. Des informations antérieures ont parlé de suspects qui rôdaient devant le domicile de cette penseuse de l'islam éclairé ; d'autre part le nom de Hamed Karoui, ex-Premier ministre sous Ben Ali. Toujours à Sousse, un groupe d'une vingtaine de salafistes rigoristes ont attaqué, avant-hier à l'aube, les agents de l'ordre en faction devant le siège de la Banque centrale, selon le correspondant de Radio Shems fm. «Ils ont essayé de les déposséder de leurs armes, mais n'y sont pas parvenus. Cinq barbus ont été arrêtés dans le cadre de cet incident et la police a retrouvé sur eux deux clés USB contenant des prêches sur le djihad», a-t-il indiqué. A Sousse également, la police a arrêté deux individus lors de la perquisition d'une maison suspecte et saisi une quantité d'armes à feu et de grenades. D'autres incidents ont été enregistrés dans les environs de Sousse. Ainsi, à Akouda, un islamiste rigoriste a été arrêté, avant-hier à l'aube, en possession de trois tenues militaires. A Maloulech, sur la côte entre les villes de Sousse et Sfax, un plongeur a trouvé dans les eaux profondes du port une mine et un obus bien enveloppés. Une enquête a été ouverte. Bataille à Chaâmbi Du côté du mont Chaâmbi, l'armée tunisienne continue son harcèlement des maquisards cachés dans les montagnes limitrophes de l'Algérie. Les informations provenant de la région indiquent que l'armée poursuit ses bombardements à l'arme lourde pour la troisième journée consécutive. Certaines rumeurs parlent d'une dizaine de morts parmi les terroristes. Des affrontements auraient eu lieu dans la soirée de samedi 3 août dans la région de Aouled Nasrallah, située dans la délégation de Foussana, dans le gouvernorat de Kasserine. On parle également de trois terroristes arrêtés alors qu'un autre a été grièvement blessé pendant les affrontements. Mais aucune information officielle n'est venue le confirmer. Le ministère de l'Intérieur a toutefois indiqué que l'individu arrêté hier à Ben Guerdane, près de la frontière libyenne, est l'un des graciés de l'affaire Soliman. Le terroriste a été arrêté suite à un échange de tirs avec les agents qui ont trouvé, dans sa voiture, des kalachnikovs et des munitions. Par ailleurs, un soldat a été tué hier lors des opérations de ratissage ; une mine a explosé sous un char de combat et entraîné le décès d'un caporal. Cinq soldats ont également été blessés. L'incident le plus grave s'est produit hier matin à la cité El Ouerdia, aux environs de Tunis, où les forces de l'ordre ont opéré une descente dans une cache de terroristes. L'échange de feu nourri a abouti à la mort d'un terroriste, la blessure d'un deuxième et l'arrestation de quatre autres présents sur les lieux, ainsi que la saisie d'une grande quantité de munitions.Suite à la multiplication de ces incidents, des mesures de sécurité draconiennes sont désormais observées aux différents aéroports tunisiens.Ces incidents n'ont pas influé sur le rythme de vie habituel des Tunisiens, qui continuent à se préparer le plus sereinement du monde à l'Aïd. Ils continuent à faire la fête et à exprimer leur soutien à l'armée et aux forces de l'ordre dans leur traque des terroristes. Une question inquiète toutefois la classe politique : pourquoi maintenant ?