L'Etat a le devoir de secourir ces êtres humains que le malheur de la guerre a frappés, et ainsi éviter toutes les incidences qui pourraient s'avérer désastreuses. Confrontés de plein fouet à la guerre et à la misère insoutenable dans leur pays, des Maliens investissent les villes algériennes. Ils ne peuvent que s'adonner à la mendicité. Depuis quelques jours, à Bordj Bou Arréridj, les habitants découvrent la mendicité sous un autre jour. Il y aurait de plus en plus de mendiants venus des pays du Sahel, surtout du Mali et du Niger. On les rencontre souvent dans les rues, les arrêts de bus, les terrasses de cafés, les parvis des mosquées, des bureaux de poste et des banques. Ainsi, il n'est guère difficile de repérer ces Subsahariennes accompagnées de leurs enfants en bas âge, sillonnant les quartiers de la ville, en quête d'une pièce auprès des âmes charitables. Bien qu'il n'existe aucun chiffre précis sur le nombre de ces nouveaux mendiants, il apparaît clairement que durant ce mois de Ramadan le phénomène s'est amplifié. Un groupe vient au quotidien s'ajouter aux précédents. Dès les premières heures du jour, les yeux rouges et quelquefois même fermés, des femmes et des enfants (jamais les hommes), affluent vers les places publiques de la ville.Ils se postent juste à l'entrée des mosquées, attendant fébrilement les fidèles après les prières d'el Imsek, avec l'espoir de collecter quelque chose pour subvenir à toute cette progéniture affamée. Et bien sûr, à côté de ceux-là, l'on voit aussi «nos mendiants», des personnes de tous âges, accompagnées d'enfants. Les unes récitent le Coran, d'autres demandent la charité, plusieurs exhibent leur infirmité… de jeunes mères entourées d'enfants à moitié endormis, serrent aussi dans leurs bras des nouveaux-nés ; un spectacle affligeant. Certains fidèles s'arrêtent à leur vue et leur offrent quelques pièces, d'autres les ignorent. Non loin des mosquées, à la station des voyageurs, à l'entrée du parking, sont assis d'autres malheureux, la tête baissée et la main tendue vers les passants. Absence totale de réaction officielle L'on se demande pourquoi l'Etat ne met pas un dispositif de solidarité au profit de ces Subsahariens en détresse. Quoi qu'il en soit, le devoir impose de secourir ces êtres humains que le malheur a frappés, et ce dans un cadre officiel, organisé pour, justement, empêcher les dérives et la propagation d'autres fléaux, dont les MST et bien d'autres maladies générées par l'absence totale d'hygiène. L'on nous raconte à ce propos, que ces personnes livrées à elles-mêmes, n'ont pas d'autre choix que de souiller les rues, quand le besoin naturel se fait sentir. Désormais, le spectacle est celui-ci : allongées sur les trottoirs, des Subsahariennes portant toute la détresse du monde sur leurs visages, veillent de loin aux mouvement de leurs petits bambins qui se faufilent entre les voitures et les passants pour demander l'aumône. «Sadaka» est apparemment le seul mot arabe qu'ils connaissent. Ces êtres diminués par l'adversité, ne sont rebutés ni par la canicule, ni par le jeûne. Ils demandent, inlassablement, durant toute la journée, et après le f'tour, la charité. Au moment de la rupture du jeûne, ils se déplacent en groupes vers les restos Erahma où ils peuvent prendre un repas consistant en compagnie de voyageurs et autres nécessiteux. A la fin du repas, certains regagnent M'Sila où ils passent la nuit sous le pont de la gare routière, alors que d'autres retournent sur les places publiques. La population est certes charitable, mais la plupart réprouvent cette situation dégradante pour la ville. «Bordj Bou Arréridj devient la ville aux cent mendiants ; entre un mendiant et un mendiant, il y a un mendiant. On en a marre de l'insécurité, de la mendicité, du trafic de tout genre. Tout ce laisser-aller mène vers la délinquance», fulmine Adel, un habitant du boulevard Emir Abdelkader. Il évoque, dans la foulée, le problème d'hygiène: «Ces pauvres gens errants n'ont même pas où faire leurs besoins, des enfants et des femmes urinent dans la rue ! Vous imaginez, pour les passants et les touristes de passage, l'image que tout ça donne de la ville !» Aucune solution miracle ne se profile à l'horizon. «Notre police travaille déjà et nous allons tenir de nouvelles réunions avec les commerçants pour adapter notre action», estime un élu local. «Il faut trouver une solution pragmatique à ce problème ; l'on ne peut rester indifférent face à l'adversité qui frappe notre prochain», commente un jeune universitaire qui active dans l'humanitaire.Cette situation devient carrément scandaleuse en l'absence d'action de la part des autorités compétentes, seules habilitées à créer des sites d'accueil, dont la wilaya accuse un déficit patent.