Chaque année, c'est le même refrain. Le même scénario de l'année passée et celles qui l'ont précédée se reproduit. La Fédération nationale des boulangers, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), avait rassuré les citoyens, à trois jours de l'Aïd El Fitr, que pas moins de 11 000 boulangers auront la tâche d'assurer la permanence durant les fêtes de l'Aïd El Fitr, soit 55% de la corporation. Mais la réalité se révèle toute autre, car la quasi-totalité des établissements de panification avaient mis le valet sur le maillet. Les citoyens de l'Algérois avaient du mal à s'approvisionner en cette denrée de large consommation. Des processions de personnes faisaient la queue leu leu devant les rares boulangeries pour s'arracher quelques baguettes de pain. De Raïs Hamidou à Belouizdad, en passant par Bab El Oued et la place des Martyrs pour ne citer que cet axe commerçant, à peine quelques fourniers ont daigné répondre à l'appel de la fédération. Les contrevenants, ou ceux qui n'ont cure du service public, étaient, comme lors de chaque fête, aux abonnés absents, et ce, faute de mitrons dont la majorité sont allés passer la fête de l'Aïd el fitr chez eux – à l'intérieur du pays – au lieu de rester près de leur fourneau. Résultat : Les trois quarts, sinon plus, de la corporation de l'Algérois ne tenaient pas à pétrir le pain, envoyant valdinguer leurs chalands, en dépit des mises en garde récurrentes. Certains boulangers étaient ouverts, mais tout juste pour justifier de la non-fermeture de leur boutique : pas une miche sur leur étal, que de la pâtisserie, la confiserie ou du pain brioché invendu la veille trônaient sur les présentoirs. Belle parade en tout cas, dans la mesure où ces produits ramènent plus avec un service au rabais. Une manière de multiplier le gain et compenser soit dit en passant «la punition», celle qui se résume dans l'obligation de travail d'astreinte. Les supérettes et autres commerces d'alimentation générale avaient aussi mis la clé sous le paillasson, donnant l'impression d'une grève générale. Le département du commerce pourra pérorer à perte de salive et à satiété quant à verbaliser les contrevenants de la loi, celle qui se résume dans la fermeture du «commerce rebelle» et le paiement d'amendes allant de 50 000 à 300 000 DA. L'Aïd El Adha, c'est dans deux mois et on aura droit à la même rengaine des autorités, dont la force de persuasion demeure inefficace devant l'opiniâtreté d'un commerce qui n'en fait qu'à sa tête. Celui qui n'est pas près d'obéir ni au pied ni à la … baguette.