La wilaya de Béchar, l'une des premières circonscriptions administratives érigée en wilaya dès l'indépendance du pays, continue de souffrir d'un manque flagrant de lieux de loisirs et de détente. Pour s'en rendre compte et évaluer à sa juste mesure cette terrible frustration, il suffit de voir dans la soirée, au chef-lieu de wilaya, le cortège interminable formé par des groupes d'hommes, de femmes et de garçons qui, à la recherche d'endroits de fraîcheur et détente, prennent, pendant et après la rupture du jeûne (pour ce qui est de la période du mois sacré), le chemin de la sortie nord de la ville à deux kilomètres vers l'aéroport pour finalement s'affaler à même le sol, face à la nouvelle clinique d'ophtalmologie, sur un rond-point parsemé de petits espaces de verdure de quelques mètres carrés. Il faut dire que les grandes chaleurs qui se sont installées à partir du mois de juillet sont étouffantes. Le pic de la canicule a atteint, ces derniers jours, les 45°C à l'ombre ! Depuis longtemps déjà, les habitants considèrent que la capitale de la Saoura est une «ville caserne», un sobriquet qui ne plaît pas beaucoup mais admis à cause précisément de cette carence en matière de loisirs et de distractions. Une situation qui, d'après les spécialistes de la santé publique, engendre, aussi bien chez les jeunes que chez les femmes cloîtrées chez elles et contrariées dans leur quête à un cadre de vie meilleure, un état permanent de nervosité, des relations sociales conflictuelles pour aboutir à un déséquilibre psychique. Si la population du Sud n'a pas été privilégiée par la nature en matière de bonnes conditions climatiques, similaires à celles du Nord, elle est tout de même consciente que les lacunes en matière de création de lieux de loisirs et des espaces de verdure ne sont pas une fatalité mais trouvent plutôt leur origine dans l'absence de volonté des responsables et élus locaux. Car, ces derniers qui se sont succédé depuis des décennies aux postes de responsabilité sont pointés du doigt pour avoir relégué au second plan de leurs priorités le projet, chaque fois discuté puis reporté en conseil exécutif de wilaya, de doter l'agglomération, qui compte aujourd'hui plus de 180 000 habitants, d'infrastructures de détente et de loisirs de nature à faire éliminer la grisaille et l'ennui qui assaillent la population. Mais une lueur d'espoir subsiste tout de même : on n'annonce que les travaux d'un centre de loisirs et de détente ont commencé au mois de mai dernier mais la concrétisation de ce projet va durer plusieurs mois, voire des années. Ce centre unique peut-il faire face à une demande explosive ? s'interroge-t-on déjà.