Le redémarrage de l'industrie nationale est l'enjeu de la prochaine tripartite. L'économie algérienne frémit. L'industrie, elle, chute à moins de 5% en termes de contribution au produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement entend consacrer sa prochaine réunion tripartite avec les syndicats et le patronat à la relance de l'industrie. La crise est là. Les hydrocarbures ne font plus bonne chère. Le gouvernement a, à cet effet, convoqué le ban et l'arrière-ban à même de concocter la bonne recette capable de faire reculer un tant soit peu le spectre du marasme qui guette l'économie du pays. Sur ce plan, la rentrée s'annonce chaude, voire délicate. Car les gouvernements qui se sont succédé depuis l'an 2000 n'ont fait qu'aggraver la dépendance du pays à l'égard des importations. L'appareil productif national a été bradé au dinar symbolique pour être autant protégé contre la rouille qui rongeait ses machines. Le gouvernement a prévu des mesures pour donner de l'oxygène aux entreprises productrices. Tout l'enjeu est là. La production est le maître mot d'une économie. Mais il va falloir, néanmoins, prendre des décisions politiques en mesure de protéger cette production contre le flux dangereux et effréné des importations anarchiques. C'est en somme l'éclairage précis que les patrons ont voulu apporter à ce micmac au sujet de cette énième relance industrielle, concoctée dans les cuisines de Cherif Rahmani, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement. Il vient de remettre son plan de sauvetage de l'industrie nationale à Abdelmalek Sellal, Premier ministre. Ce dernier vient de convoquer, pour septembre, patrons et syndicats afin de noter la copie de Cherif Rahmani. Boualem M'rakach, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), appelle à faire d'abord le bilan des précédentes décisions du gouvernement. D'après lui, les arbitrages sont nécessaires. «Les banques doivent être mises plus que jamais à contribution à même de relancer l'industrie nationale. Les décisions antérieures prises par le gouvernement à même de remédier à la frilosité bancaire n'ont pas été respectées.» L'apport du système bancaire est le point nodal de toute relance économique. «Nous sommes très loin de l'universalité de la relation entre la banque et l'entreprise», clame Boualem M'rakach, contacté par nos soins. Pragmatisme ? Notre interlocuteur appelle au respect et à l'application des clauses contractuelles comprises dans le Pacte économique et social paraphé par le gouvernement, l'UGTA et les organisations patronales. Ce pacte peut être légiféré, d'après lui, en apportant des actualisations susceptibles de faire avancer le débat autour de l'entreprise, «mais ne doit aucunement être abandonné». Le président de la CAP met l'accent sur l'importance de créer des structures permanentes de débat, de partenariat et de médiation entre le gouvernement et les partenaires sociaux. L'activisme estival d'Abdelmalek Sellal et de Cherif Rahmani est jugé pragmatique par Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), tout comme la décision de convoquer une entrevue tripartie à la rentrée. D'après M. Naït Abdelaziz, la prochaine tripartite devra aborder les questions essentielles de l'économie, dont l'investissement productif, le financement de l'économie, le foncier, la bureaucratie, etc. «Nous sommes confiants qu'il y ait une prise de conscience quant à l'urgence de construire une industrie nationale compétitive et une économie de substitution aux importations»,a indiqué le président de la CNPA. L'industrie algérienne est sinistrée, a-t-il fait remarquer. «Nous avons abandonné l'acte de produire. Le redéploiement de l'industrie nationale est une préoccupation majeure. Il y a certes un consensus autour de ce principe. Le mode d'emploi nécessite une volonté politique et l'engagement de toutes les parties concernées», estime M. Naït Abdelaziz. Le Forum des chefs d'entreprises (FCE), lui, se dit «en parfaite synergie avec le gouvernement en matière de relance de l'industrie du pays». S'exprimant au nom du FCE, l'expert Mouloud Heddir déplore le retard pris dans la concrétisation sur le terrain de la réforme du système financier et bancaire et l'absence de perspectives et de politique nationale pour des secteurs stratégiques comme les secteurs maritime et portuaire. S'il est vrai que le patronat adhère sans réserve à la démarche du gouvernement, ce dernier doit baliser illico presto le chemin censé mener au sauvetage de l'industrie. C'est le seul gage de crédibilité de toute son action.