Les islamistes d'Ennahdha au pouvoir en Tunisie et le mouvement d'opposition Nidaa Tounes ont reconnu hier avoir tenu des pourparlers secrets en Europe cette semaine pour trouver une issue à la crise politique minant le pays depuis près d'un mois. Le chef de Nidaa Tounes, l'ex-Premier ministre post-révolutionnaire, Beji Caïd Essebsi, et celui d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, se sont rencontrés «lors d'une tournée européenne» de l'opposant, a indiqué le parti d'opposition dans un communiqué. M. Ghannouchi a confirmé que cette entrevue, le 15 août, avait été «positive et franche» sans plus de précisions. Selon des médias tunisiens, la rencontre a eu lieu à Paris. Nidaa Tounes, un parti de centre-droit, a révélé la tenue de ces pourparlers après la multiplication «de rumeurs» en ce sens, et alors que M. Ghannouchi avait nié avec véhémence avoir quitté la Tunisie pour des consultations. Aucun parti n'a expliqué pourquoi cette réunion a été tenue secrète, alors que la Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi le 25 juillet. Jusqu'à présent, le Front de salut national (FSN) - une hétéroclite coalition d'opposition - et Ennahdha démentaient des pourparlers directs. Nidaa Tounes a pourtant indiqué dans son communiqué que la réunion avec M. Ghannouchi avait été organisée en accord avec ses partenaires du FSN. Les détracteurs du pouvoir disaient exclure toute négociation tant que le gouvernement dirigé par Ennahdha ne démissionnait pas. Et les islamistes affirmaient refuser les pourparlers tant que l'opposition continuait à réclamer la démission du cabinet.