«Vos deux frères dans le Mujao et les Moulethemoune annoncent leur rassemblement et leur fusion en un seul mouvement qu'ils appellent les Mourabitoune pour unifier les rangs des musulmans autour d'un même projet, du Nil à l'Atlantique.» Le leader du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, le Touareg mauritanien, Ahmed Ould Amer, Ahmed Telmissi de son nom de guerre, et le leader des Signataires par le sang, l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, dit Bellawar, ont formalisé hier leur rapprochement dans un communiqué diffusé par l'Agence Nouakchott Information (ANI). «Ces groupes ont mis leurs combattants à l'abri pendant l'opération militaire au Nord du Mali, ils ont attendu que les choses se tassent un peu et là, ils reviennent, analyse Mohamed Ould Khattatt, rédacteur en chef de l'ANI, joint par téléphone. Il fallait s'y attendre et le message de ce communiqué est clair : les groupes islamistes ne sont pas finis.» Selon les terroristes, le nouveau groupe, qui permettra «à une nouvelle génération de mener les opérations djihadistes dans la région», a été baptisé les Mourabitoune en référence au slogan de la dynastie des Almoravides «le savoir et le djihad». «Cette fusion est notre destin. Nous avons les mêmes objectifs défensifs.» Cible Selon une universitaire américaine spécialiste du Sahel, «cette appellation a une signification forte pour les populations locales et aide à situer le djihad d'AQMI dans le Maghreb.» Après l'élimination d'Abou Zeid, Mokhtar Belmokhtar apparaît «comme le seul homme fort du Sahel. C'est un stratège, poursuit Mohamed Ould Khattatt, qui préfère envoyer ses hommes sur le terrain, une façon pour lui de rester en vie.» Alors que l'armée tchadienne avait affirmé l'avoir tué en mars dernier lors de combats au Nord du Mali, le dissident d'AQMI, qui avait annoncé sa scission avec Abdelmalek Droukdel en décembre 2012 pour créer son propre groupe, les Signataires par le sang, avait déjà revendiqué, avec le Mujao, les attentats-suicides menés en mai dernier au Niger contre une base militaire d'Agadez et la mine d'uranium d'Arlit. Belaouar a aussi toujours été très proche des Mauritaniens, comme Abdallahi Ould Hmeida, celui que l'on surnommait le Zarqaoui mauritanien, tué pendant l'attaque de Tinguentourine en janvier dernier. Selon le spécialiste du terrorisme, si Ahmed Ould Amer est moins connu, c'est qu'AQMI et le Mujao «recrutent en général les Mauritaniens pour leur connaissance sur l'islam et la religion plus que pour leurs qualités de chef». Dans le communiqué, la nouvelle brigade appelle toutes les organisations islamiques à s'entraider «pour contrecarrer les forces laïques qui s'érigent contre tout projet islamique». Les Almoravides menacent en particulier de prendre pour cible les intérêts de la France dans la région et ailleurs dans le monde. Sur le plan idéologique, ils affirment s'inspirer d'Al Qaîda et des Talibans, saluant au passage leurs leaders respectifs, Ayman Al Zawahiri et le Mollah Omar. La nouvelle fusion aurait été confiée à un vétéran d'Afghanistan qui a combattu au Nord du Mali, dont l'identité n'est pas encore connue.