Les autorités maliennes ont repris les négociations avec l'organisation terroriste du groupe salafiste pour la prédication et le combat dans la région du Sahel saharien, quelques mois de rupture après la réussite des négociations qui ont aboutis à la libération de l'espion français Pierre Camatte en contre partie de la libération de quatre dangereux terroristes qui ont, moins d'un mois plus tard, exécuté son compatriote Michel Germaneau. L'extradition par Nouakchott vers son pays de "Omar le Sahraoui", Malien condamné pour l'enlèvement de trois Espagnols en 2009, dont deux sont toujours retenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), est perçu comme un geste qui pourrait aider à la libération des otages. "Pour Aqmi, le fait qu'Omar soit transféré au Mali est une victoire. La Mauritanie a fait un geste. C'est très important", affirme au Mali une source proche du dossier des otages espagnols, détenus dans le nord malien. La Mauritanie a toujours fait preuve d'une grande fermeté à l'égard d'Aqmi et ses relations s'étaient considérablement tendues avec le Mali quand ce pays avait libéré quatre terroristes en échange de la libération d'un otage français en février, Pierre Camatte. S'il n'en est pas un combattant, Omar Sid'Ahmed Ould Hamma, surnommé "Omar le Sahraoui", est cependant lié à Aqmi: c'est pour son compte qu'il avait enlevé trois Espagnols (Alicia Gamez, 39 ans, Albert Vilalta, 35 ans, et Roque Pascual, 50 ans) en Mauritanie le 29 novembre 2009. Alicia Games, seule femme du groupe, a été libérée en mars, mais ses deux compagnons restent aux mains d'un groupe d'Aqmi dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, alias Belawar, qui avait payé " Sahraoui" pour les enlever. Moins d'une semaine après la confirmation en appel le 11 août de sa condamnation à Nouakchott à 12 ans de prison et de travaux forcés pour ces enlèvements en tant que "mercenaire" d'Aqmi, il était mis dans un avion pour Bamako. Il n'était pas menotté pendant le voyage et a été récupéré par les forces maliennes de sécurité qui l'ont emmené vers une destination inconnue. "Où va t-il purger sa peine ? Ira-t-il en prison ? Fera t-il des travaux d'utilité publique ? Sera-t-il mis en résidence surveillée ? A toutes ces questions, il n'y a eu pour le moment pas de réponse", reconnaît une source au ministère malien de la Justice. Marié à une femme originaire du Sahara occidental, "Omar le Sahraoui", 52 ans, est avant tout un commerçant, fin connaisseur de l'ensemble des pays de la région sahélienne qu'il avait l'habitude de parcourir de long en large et où il a su tisser des liens avec les diverses tribus qui la composent. "Son extradition répond à plusieurs exigences, dont la plus importante pour Aqmi est d'abord le rôle de guide expérimenté d'Omar dans ce grand désert, la chaîne de relations bâtie dans ces différentes contrées", affirme Isselmou Ould Salihi, directeur du journal mauritanien Tahalil Hebdo, spécialiste des organisations islamistes. Cette expertise du Sahel présente "des avantages incalculables dont tout le monde pourrait profiter", ajoute Ould Salihi. Son extradition "est peut être significative dans le processus de libération des Espagnols", selon lui. Abou Al Maali, expert mauritanien des questions islamistes du journal Nouakchott Info, souligne "l'importance" que représente l'extradition de "Omar Le Sahraoui" pour Belmokhtar. Il peut ainsi "montrer aux mercenaires et aux trafiquants qui travaillent avec lui qu'il leur assure protection" et "renforcer son audience parmi les tribus locales avec lesquelles il demeure très lié", souligne-t-il. Si Belmokhtar est considéré par les experts d'Aqmi comme un homme d'argent plus que comme un religieux, des sources au Mali ont récemment affirmé qu'il était "sous pression" d'une branche radicale d'Aqmi dirigée par un autre algérien, Abdelhamid Abou Zeïd. Ce dernier, responsable de la mort de deux otages occidentaux, le Britannique Edwin Dyer et le Français Michel Germaneau, exigerait de Belmokhtar l'exécution des Espagnols en représailles à un raid militaire franco-militaire mené le 22 juillet pour tenter de retrouver Germaneau, qui avait tué sept de ses hommes.